En France, le nombre d’interventions de chirurgie bariatrique a triplé en dix ans pour atteindre plus de 60 000 actes par an. L’obésité serait-elle devenue le poids standard en France ? Et la chirurgie bariatrique, la baguette magique ? Non, évidemment !
Le développement de la chirurgie de l’obésité est bien entendu lié à la progression de cette maladie, avec une hausse constante ces dernières années, même si sa prévalence est maintenant stabilisée à 17 % chez l’adulte et à 4 % chez l’enfant. Avec 7,6 millions de personnes obèses, cette pathologie est un véritable enjeu de santé publique. Son coût est économique − 5 milliards d’euros pour l’Assurance-maladie − mais surtout humain, avec un risque majeur d’apparition d’autres maladies chroniques sévères à l’origine de décès prématurés et d’incapacités.
C’est pour cette raison que l’Organisation mondiale de la santé a reconnu l’obésité comme maladie chronique en 1997. Depuis quand ce type de pathologie se traite-t-elle par chirurgie ? Il n’y a pas d’autre exemple dans le monde médical. Mais si le nombre d’interventions de chirurgie bariatrique nous choque, ce n’est pas en raison de son indication – largement établie - ni de son efficacité, démontrée en termes de perte de poids et de réduction de morbimortalités associées. C’est qu’il est le reflet de la pauvreté des investissements réalisés ces dernières années dans les politiques de prévention primaire et secondaire comme toute maladie chronique.
La chirurgie bariatrique mérite ses lettres de noblesse, sous réserve de réguler, structurer, mieux cadrer l’offre et de définir, un peu comme en oncologie, un vrai parcours multidisciplinaire impliquant le patient pour l’éduquer.
Il reste encore beaucoup à faire pour ne pas laisser le corps médical dans la situation difficile de David face à Goliath.