Nombreux sont les écrivains qui ont couché par écrit leur folie, ou les fous qui ont sublimé leur souffrance dans les mots. L'originalité de ce sixième roman tient au statut de son autrice, Anne Révah, professeure de pédopsychiatrie. La folie, la narratrice, également psychiatre, connaît. D'ailleurs elle n'emploie pas ce mot pour évoquer ces patients. Et pourtant, c'est celui auquel elle recourt pour décrire ce « voyage hors du monde » de huit semaines, lorsqu'elle se retrouve elle-même en proie à une mélancolie délirante et à des idées suicidaires. Elle sait que la psychiatrie lutte contre la stigmatisation de la maladie mentale. Pourtant, elle ne cesse de dire la honte qui « la ravage » et lui rend si difficile la consultation d'un psychiatre. Sa « presque guérison » transformera la femme, et aussi la psychiatre, puisque désormais un pont aura été jeté entre elle et ses patients.
« L'intime étrangère », Anne Révah, 14 euros, Mercure de France.