Que peut-on dire aujourd'hui du risque de cancer sous anti-TNF ? Avec un recul d'une quinzaine d'années, les effets carcinogènes des anti-TNF semblent moins importants que ce que l'on craignait, comme en témoigne le bilan dressé lors du congrès.
En 2008, la FDA lançait une alerte après le signalement de cancers rares, lymphomes en particulier, chez des enfants et adolescents traités par anti-TNF. Chez l'adulte, l'évaluation du risque est plus complexe. En 2006, une méta-analyse avait donné des chiffres très alarmants, avec un odds ratio de cancers de 3,3 chez les sujets traités vs placebo. « Mais cette étude souffrait d'un biais méthodologique énorme puisque les résultats n'étaient pas exprimés par patients-années », souligne le Pr Xavier Mariette (hôpital du Kremlin-Bicêtre). Or les patients traités avaient été suivis plus longtemps que ceux sous placebo. « Et depuis 2006, aucune autre méta-analyse n'a montré d'augmentation du risque ». L'analyse des registres va également dans ce sens.
Les données sont également plutôt rassurantes concernant le risque de lymphome. L'observatoire français Ratio montre un risque multiplié par 2,5 chez les patients sous anti-TNF, mais qui semble davantage lié à la maladie qu'au traitement. En effet la PR augmente le risque de lymphome, d'autant plus que la maladie est ancienne et active. Les biothérapies pourraient avoir ainsi deux effets contradictoires : bénéfique en diminuant l'activité de la maladie et néfaste en augmentant le risque de lymphomes. La résultante pourrait être neutre, voire favorable. Une métanalyse de la Cochrane de 2011 ne montre pas d'augmentation du risque de lymphome et le registre anglais de la BSR indique que l'étarnecept pourrait avoir un effet protecteur.
Un risque accru de cancers cutanés
Le risque de cancers cutanés non mélaniques paraît, en revanche, indiscutable, mais d'ampleur variable selon les travaux : doublé dans la méta-analyse d'Askling et augmenté d'un tiers selon les registres. Les données sont moins claires concernant le risque de mélanome, mais la fréquence des cancers cutanés sous anti-TNF impose de toute façon une protection solaire et un examen cutané, avant puis au cours du traitement, à un rythme qui reste à définir. Les anti-TNF ne sont pas recommandés dans les 5 années qui suivent la rémission d'un cancer (hors cancers cutanés non mélaniques).
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