Et si les médecins se déplaçaient de patient en patient en cabinet mobile ? La médecine foraine, qui désignait autrefois les charlatans qui allaient de foire en foire pour soigner les malades, définit aujourd'hui la pratique des médecins n'ayant pas de lieu d'exercice fixe. Le Dr Théophile Martin, généraliste à Rives-sur-Seine (Seine-Maritime) a présenté ses travaux sur le sujet à l'occasion du Congrès de la médecine générale (CMGF) ce jeudi. Il s'agit d'une revue de la littérature sur cette pratique, aussi communément appelée médecine mobile.
Il apparaît ainsi que certains pays comme les États-Unis ont une expérience importante de cette médecine sur quatre roues. Outre-Atlantique, 2 000 unités mobiles de soins ont ainsi été recensées en 2013, dont 14 % dédiés aux soins primaires de médecine générale. Nos voisins allemands « sont également en train de développer la médecine mobile, avec des "medibus", qui intègrent une salle d'attente », poursuit le Dr Martin. Mais en France, très peu de véhicules de ce genre existent. « Une expérience est en cours dans la région Auvergne Rhône-Alpes mais il existe très peu de projets », remarque le généraliste.
Une pratique décriée en France
De nombreuses réticences subsistent en effet encore en France, même si la réglementation a récemment évolué. L'article 74 du code de déontologie interdit la médecine foraine mais précise désormais que « toutefois, quand les nécessités de la santé publique l’exigent, un médecin peut être autorisé à dispenser des consultations et des soins dans une unité mobile selon un programme établi à l’avance ». Le Dr Théophile Martin fait également remarquer que la médecine foraine est assimilée à une médecine « déviante » et que des syndicats de médecins se sont régulièrement opposés à la médecine mobile durant la dernière décennie.
Ainsi, le Dr Jean Garric, ancien président du syndicat des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs (SPHAR) avait déclaré en 2014 qu'il s'agissait de « mercenariat, équivalent de la médecine foraine ». La Fédération des médecins de France (FMF) s'était également élevée en 2009 contre une proposition du conseiller au ministère de la santé de l'époque Guy Valencien de développer des unités mobiles de soins. Le Dr Jean-Paul Hamon, alors président de l'Union généralistes de la FMF, avait alors ironiquement sillonné les rues de Paris avec une camionnette rebaptisée "La Valencienne", jusque sous les fenêtres du ministre de la santé de l'époque, Roselyne Bachelot.
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