Pour le Dr Nathan Peiffer-Smadja (Hôpital Bichat, Paris), la chose est entendue : le bon usage des antibiotiques passe aussi par le bon usage des outils diagnostiques. Alors que l’on sait « qu’il y a un lien très direct entre les deux », plusieurs études confirment l’importance des mésusages diagnostiques en infectiologie, notamment en matière d’examen d’urine. Dans une étude prospective menée dans plusieurs hôpitaux français, 71 % des ECBU positifs correspondaient à des bactériuries asymptomatiques, lesquelles étaient traitées dans 18 % des cas. Dans l’enquête Pipi’Quiz, 64 % des aides-soignantes et 60 % des infirmières déclaraient effectuer un prélèvement urinaire d’emblée en cas d’urines troubles ou malodorantes, tandis que 26 % des prescripteurs indiquaient traiter comme une cystite un ECBU positif même sans signes cliniques.
Un domaine peu étudié
Comment infléchir la tendance ? Quelques rares travaux se sont penchés sur la question. Parmi les interventions étudiées : l’utilisation de pop-up informatiques questionnant la pertinence de l’examen au moment de sa prescription, la délivrance de formations au personnel soignant ou encore, la création de « nouveaux » examens ou algorithme d’analyse en lien avec les biologistes. Comme par exemple, la division de l’ECBU en deux examens distincts : cytologie d’une part puis bactériologie en cas de positivité. Testée dans le service d’urgence d’un hôpital texan, cette approche aurait permis de réduire de près de 20 % le nombre mensuel moyen de cultures urinaires soit une économie estimée à cinq millions de dollars !
Le Dr Peiffer-Smadja insiste aussi sur l’importance d'auditer ses pratiques, même de façon informelle. « Si en staff, on discute assez naturellement de la pertinence d’une antibiothérapie en revoyant les dossiers, on ne discute jamais de l'utilisation des examens complémentaires » regrette-t-il. Une étude américaine sur le recours aux hémocultures en services d’urgence suggère qu’un feedback aux prescripteurs toutes les semaines (avec analyse du volume d’hémocultures réalisées et discussion de leur pertinence) permettrait une nette diminution des prescriptions.
Nathan Peiffer-Smadja plaide enfin pour des recommandations diagnostiques plus simples, « avec des messages algorithmiques clairs comme pour les traitements ».
D’après la communication « Best of Bon usage diagnostique »
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