Les centres spécialisés pour la douleur chronique qui concerne près d'un Français sur trois sont « victimes de leur succès », estime la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD). Résultat : plusieurs mois sont nécessaires pour obtenir un rendez-vous dans un centre spécialisé, et beaucoup de patients se retrouvent « en errance » diagnostique ou thérapeutique.
Deux ans après le « Livre blanc de la douleur », la SFETD vient de publier le Guide des bonnes pratiques sur les Structures Douleurs Chronique (SDC), en proposant 50 recommandations sur leur fonctionnement, mais aussi sur les stratégies thérapeutiques autour de la douleur, tant en consultation qu'en hospitalisation de jour. Environ 400 000 patients par an passent par ces structures spécialisées.
Les généralistes avec une bonne expertise ne sont pas assez nombreux
Ces structures créées dans les années 1990, étaient 96 en 2001, et sont aujourd’hui 243 structures labellisées « douleur chronique ». Mais « il faut les désengorger », par exemple en formant mieux les médecins généralistes, explique à l'AFP Frédéric Aubrun, président de la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD). « Les recommandations pour une bonne prise en charge de la douleur chronique, en particulier l'usage des morphiniques, sont mal connues, et les médecins généralistes qui ont une expertise poussée dans ce domaine ne sont pas très nombreux ».
La SFETD suggère de renforcer la formation sur le sujet pour l'ensemble des soignants et propose que des médecins généralistes sensibilisés à la question voient les patients « en amont », pour n'adresser aux « structures douleur chronique » que ceux dont « la situation n'est pas maîtrisée ».
Un accès « coupe-file »
La SFETD propose aussi de revoir l'organisation d'accès à leurs structures en proposant des « coupe-file » dont pourraient bénéficier certains patients prioritaires pour éviter les six à sept mois d'attente pour une consultation.
La société savante demande aussi que les infirmiers « ressource douleur » puissent participer davantage à la prise en charge du patient, en concertation avec le médecin, pour alléger les consultations médicales. Cela passerait par une meilleure valorisation financière de leur activité et la création d'un diplôme d' « infirmier en pratique avancée » dans le domaine de la douleur.
Se mettre autour d'une table
« Aujourd'hui, tout le monde travaille en silo, chacun fait son travail mais il n'y a pas d'interactivité entre les professionnels. Une meilleure coordination ferait gagner du temps pour concevoir une stratégie thérapeutique efficace », observe le Pr Aubrun.
Et de souligner l'importance du rôle des psychologues ou des médecins du travail, « acteurs essentiels dans la prévention de la désinsertion professionnelle », un risque élevé chez ceux souffrant de douleurs chroniques. « Il faut se mettre tous autour de la table », confirme Gérard Mick, neurologue et médecin de la douleur à Voiron (Isère), évoquant les acteurs de la prise en charge sanitaire, mais aussi la dimension sociale, professionnelle, psychologique…
Précautions avant de prescrire des opioïdes
La société savante recommande aussi, avant de prescrire « un traitement comportant des opioïdes pour une douleur non cancéreuse », d'informer « le patient sur la possibilité de survenue d'une dépendance ». Et si des facteurs de risques sont identifiés, « un suivi personnalisé devra systématiquement (en) découler ».
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