Quoi de neuf depuis les recommandations de l'AFSSAPS de 2009 dans la douleur de l'enfant ? Peu de choses, répondent les spécialistes réunis autour de cette question lors du congrès. Avec, globalement, aucune étude réalisée depuis, pas de modification des AMM et plutôt moins de molécules disponibles ! Les médecins sont donc réduits à prescrire hors AMM, celle-ci ne correspondant pas à l'âge ou à l'indication (AMM de l'amitryptiline dans l'énurésie et la dépression, pas dans la migraine!), ni aux posologies efficaces, quand ce n'est pas la galénique qui est inadaptée pour l'enfant.
Le palier 2 rétrécit
En dessous de 12 ans, il n'y a aucune AMM pour la douleur neuropathique ni pour le traitement de la migraine. Et le palier 2 rétrécit comme peau de chagrin : la codéine, dont les données d’efficacité sont plutôt contradictoires, est désormais contre-indiquée avant 12 ans, réservée aux échecs thérapeutiques après, et interdite à tous les âges après amygdalectomie (mise en garde de l'ANSM 2013). Le tramadol constitue une solution de rechange pour les douleurs modérées à intenses à partir de 3 ans, mais il n'est pas dénué d'effets indésirables (un cas de détresse respiratoire sévère après amygdalectomie) et il risque de prendre le même chemin que la codéine ! Quand on passe au palier 3, les morphiniques per os ont l'AMM à partir de 6 mois, le fentanyl transcutané de 2 ans ; le fentanyl transmuqueux n'a pas l'AMM ni de galénique adaptée à l'enfant alors que la littérature a prouvé son efficacité, notamment en traumatologie et dans les douleurs provoquées par les soins. Force est donc de constater que le retrait de la codéine a laissé un vide dans la prise en charge des douleurs de l'enfant.
Les AINS, bonne alternative
Pour les algologues, la prescription d'AINS constituerait une bonne alternative : leur toxicité rénale est rare à cet âge en l'absence de déshydratation et ils ont prouvé leur efficacité, associés ou non au paracétamol dans les otites, les angines, la dysménorrhée, les fractures, les douleurs post-opératoires. « Le risque d'ulcération gastrique est modéré avec un traitement court et les méta-analyses rassurent sur la tolérance mais les craintes vis-à-vis des AINS persistent, en particulier chez les gastro-entérologues et les ORL bien que ces derniers aient entériné leur bon rapport bénéfice/risque après amygdalectomie », constate Barbara Tourniaire (hopital Trousseau, Paris).
Pourtant, sa consommation en automédication est importante, vraisemblablement supérieure à celle du paracétamol. Des informations à destination des parents semblent indispensables, une thèse à paraître soulignant que ceux-ci confondent les deux familles de médicaments et connaissent mal leurs posologies qui varie, d'ailleurs, selon les molécules. Plus troublant, un autre travail de thèse sur les connaissances des internes en pédiatrie montre un pourcentage de seulement 52% de bonnes réponses pour la prescription des antalgiques chez l'enfant...
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation