Physiologie

L’acné sous influence

Publié le 25/10/2013
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Et si nos grands-mères avaient raison ? Après avoir innocenté le chocolat, les graisses, les sucres… dans l'acné vulgaire, il semblerait maintenant que les glandes sébacées interagissent avec l'alimentation.

Les macronutriments pourraient finalement interférer avec les glandes sébacées, comme les produits laitiers ou les excès glycémiques. L'analyse des voies de signalisation moléculaires fournit une approche encore plus précieuse sur la manière dont les aliments bioactifs pourraient induire l'acné. Les glandes sébacées révèlent maintenant des fonctions surprenantes : elles sont d'une part capables de concentrer les substances bioactives exogènes, les xénobiotiques, la peau constituant ainsi un nouveau compartiment de distribution. Elles sont aussi capables de métaboliser ces xénobiotiques. «?Les glandes sébacées peuvent être envisagées comme le foie de la peau?», explique le Pr Jean-Hilaire Saurat (Genève). Les xénobiotiques stimuleraient le récepteur AhR (Aryl Hydrocarbon Receptor) qui active, à son tour, la synthèse de la protéine CYP1A1, permettant la digestion du xénobiotique et son excrétion par les reins.

Les glandes sébacées sont particulièrement riches en AhR et ses agonistes (AhRa) stimulent les enzymes participant à la production de sébum. Les AhRa peuvent être d'origine naturelle, toxique ou pharmacologique. L'exemple le plus marquant est celui de Viktor Yushchenko, victime d’une intoxication par la dioxine; celle-ci induit une chloracné ou, plus exactement, des hamarthomes cutanés qui représentent en fait un moyen de défense de l'organisme qui stocke et métabolise la dioxine au niveau de la peau afin de limiter sa toxicité systémique. Certains composants alimentaires provoquent les mêmes mécanismes, qu'on a pu ainsi observer dans les glandes sébacées d'un body-builder consommant des suppléments nutritionnels.

Des AhRa naturels impactant la sécrétion des glandes sébacées se retrouvent dans les produits laitiers, les œufs, la viande, les fruits de mer, les flavonoïdes... «?à terme, ces études sur la signalisation moléculaire pourraient nous permettre d'établir des recommandations diététiques?», conclut le spécialiste.

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Généraliste: 2658