L’ANSM vient de publier son dernier rapport sur l'évolution des consommations d'antibiotiques entre 2000 et 2015. Malgré une diminution globale des prescriptions de 11,4 % au cours de cette période, l’agence a observé une reprise de 5,4 % depuis 2010.
Cette hausse proviendrait du secteur de ville car les données se sont stabilisées au niveau hospitalier. L’incidence élevée des pathologies hivernales (l’épidémie annuelle de grippe en particulier), peut partiellement expliquer cette augmentation. La consommation d’antibiotiques « critiques » représentait en 2015 près de 37 % de la consommation globale. Ce chiffre est dû, en grande partie à l’usage de l’association amoxicilline-acide clavulanique qui est employée fréquemment en ville comme à l’hôpital (sa consommation représente au moins 25 % de la consommation totale).
En ville, moins de quinolones mais trop de pénicillines
En médecine de ville, les évolutions de ces dernières années ont conduit à ce que la consommation soit supérieure en 2015 par rapport à 2005 mais reste nettement inférieure au début des années 2000. Si on y regarde de plus près, la consommation a chuté dans près de toutes les classe avec deux exceptions notables : l’amoxicillines et surtout l’amoxicilline associés à d’autres molécules.
Dans une large mesure, l’augmentation en ville résulte des consommations de pénicillines. En effet, la part des associations de cette classe est passée de 13,9 % à 24,1 % entre 2000 et 2015. Une telle progression est fâcheuse, sachant que l’amoxicilline-acide clavulanique fait partie des antibiotiques générateurs de résistances. En revanche, la réduction de l’usage des quinolones constitue l’un des résultats les plus positifs de ces dernières années.
Les pathologies qui nécessitent des prescriptions
En ville, sans surprise, les médecins généralistes sont les principaux prescripteurs (71 % des prescriptions). Une part non négligeable a une origine hospitalière et 8 % des produits ont été prescrits par d’autres professionnels de santé que les médecins, notamment les dentistes. Les infections ORL et les infections des voies respiratoires basses étaient à l’origine de 2 prescriptions sur 3 en 2015 (respectivement 42 % et 25 %), suivi par les affections de l’appareil urinaire (15 %) et les maladies des muqueuses de la peau (8 %). À l’exception de la grippe, les autres pathologies ont été marginalement à l’origine de prescriptions d’antibiotiques.
La durée des prescriptions en elle-même variait entre 5 et 8 jours pour 76,5 % d’entre elles en 2015. Néanmoins, la moyenne se situait à 9,2 jours et la médiane à 6 jours. Les analyses montrent que pour les classes de molécules dont les indications sont plus larges, il serait possible de diminuer les durées de prescription. Par exemple, pour les pénicillines, 93 % ont une durée de traitement comprise entre 5 et 8 jours. Or, si la durée moyenne de cette classe d’antibiotiques était réduite d’une journée (6 jours au lieu de 7), la consommation globale baisserait de 8 %.
La répartition des prescriptions a un âge et un sexe
Apparemment, la part de prescriptions d’antibiotiques des femmes s’élève à 58 %. Ainsi, la consommation des femmes est supérieure à celles des hommes à partir de 15 ans et surtout dans la tranche d’âge entre 25 et 34 ans. Les affections urinaires expliquent en partie cette disparité. La majeure partie des prescriptions pour ces pathologies (83 %) concerne des femmes dont l’infection notable reste la cystite. D’autre part, l’espérance de vie peut être une autre raison car elle demeure plus élevée pour la gent féminine.
L’analyse des prescriptions met aussi en évidence qu’à chaque âge un usage spécifique des antibiotiques. Plus précisément, à part en ce qui concerne les bêta-lactamines-pénicillines qui représentent quelle que soit la tranche d’âge plus d’un tiers des prescriptions, la part relative aux autres classes varie selon l’âge. En outre, l’emploi des tétracyclines est important dans le traitement de l’acné explique leur part conséquente chez les 15-24 ans. Une évolution inverse est observée pour les fluoroquinolones dont les substances les plus utilisées ont des indications portant sur les affections urinaires et gynécologiques ou sur les infections prostatiques. Il est donc logique que leur utilisation augmente avec l’âge.
Arrêt de commercialisation de 34 molécules en 15 ans
L’agence souligne que l’objectif ne doit pas seulement être quantitatif mais aussi qualitatif, le bon usage restant la priorité. Au cours de la période 2000-2015, le nombre d’antibiotiques disponibles a diminué de plus de 20 % passant de 103 à 79. Ce résultat s’explique par l’arrêt de commercialisation de 34 produits alors que seulement 12 nouvelles substances ont été mises sur le marché depuis. Ce problème n’est pas spécifique à l’hexagone, il est mondial !
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