La version 2016 de l’EULAR a consacré de nombreuses sessions à la médecine interne avec notamment plusieurs communications dédiées à la sclérodermie ou au lupus mais aussi au phénomène ou syndrome de Raynaud (SR). Ce motif de consultation est fréquent (4 à 6 % de la population) surtout chez les femmes. Face à un SR, « le premier challenge pour le praticien est d’affirmer son caractère primaire ou secondaire, rappelle le Pr Vanessa Smith (Belgique). Parmi les critères diagnostiques proposés, la normalité de la capillaroscopie est obligatoire pour parler de SR primaire ».
Si les SR primaires sont le plus souvent bénins, les formes secondaires, plus rares, sont potentiellement associées à des ulcérations digitales ou des ischémies digitales critiques, en particulier lorsqu’ils relèvent d’une connectivite comme la sclérodermie systémique. De même pour les SR iatrogènes dont certains peuvent se compliquer de troubles ischémiques sévères. « On sous-estime vraisemblablement leur prévalence car les mécanismes sont imparfaitement connus, mais de nombreuses classes de médicaments peuvent entraîner un SR, souvent chez des patients prédisposés », souligne le Pr Jean-Luc Cracowski (Grenoble). Ainsi les alcaloïdes de l’ergot de seigle, les agonistes adrénergiques, les bêtabloquants, surtout les non sélectifs, les ISRS, certaines chimiothérapies anticancéreuses ou les inhibiteurs de la tyrosine-kinase.
Les IPDE5 de plus en plus utilisés
Les mesures de bon sens concernant la protection contre le froid et l’arrêt du tabac suffisent le plus souvent dans les SR primaires, mais un traitement pharmacologique peut se révéler nécessaire lorsque la maladie devient handicapante en saison froide ou dans les formes secondaires graves. Les inhibiteurs calciques (seule la nifedipine a l’AMM en France) constituent le traitement de première ligne mais on utilise de plus en plus les IPDE5 même s’ils n’ont pas l’AMM dans cette indication. D’autres classes thérapeutiques ont été envisagées avec des succès divers, ce qui a amené le Britannique « Scleroderma Study Group » à proposer des algorithmes thérapeutiques. La trinitrine locale a une certaine efficacité, mais aucune forme n’a l’AMM. Le recours à la fluoxetine ou aux ARAII est discuté. Dans les formes plus sévères, on peut utiliser le bosentan, antagoniste des récepteurs de l'endothéline qui n’a d’indication qu’en prévention secondaire des ulcères ou l’iloprost, analogue de la prostacycline par voie IV en cas de troubles trophiques importants.
Article suivant
En direct de Londres…
Pas si bénin le syndrome de Raynaud !
En direct de Londres…
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité