Face à l’augmentation récente des cas de troubles neurologiques graves en lien avec un usage détourné du protoxyde d’azote (ou gaz hilarant), les autorités sanitaires mettent en garde, avec la Midelca* et l’OFDT**, sur les dangers de cette pratique, même occasionnelle.
« L’usage détourné de protoxyde d’azote n’est pas nouveau mais le nombre et la gravité des effets indésirables en lien avec cette utilisation tendent à augmenter depuis 2018 », explique la DGS dans un communiqué.
Dès 2017, l’OFDT rapportait l’extension de ce type de pratiques et l’accroissement de la visibilité de ce phénomène dans l’espace public (alors que le produit était auparavant cantonné à l’« espace festif »). « On observe par ailleurs depuis quelques mois des consommations répétées, voire quotidiennes, au long cours et en grande quantité », souligne la DGS.
10 cas graves depuis janvier
Cette évolution va de pair avec une augmentation du nombre de signalements d'effets sanitaires graves, avec atteintes du système nerveux central et de la moelle épinière. Depuis janvier 2019, 25 signalements d’effets sanitaires sévères ont été notifiés à l’ANSM via le réseau d’addictovigilance (CEIP-A) dont 10 graves, avec des séquelles pour certains cas. Les Hauts-de-France sont particulièrement concernés.
Utilisé dans un cadre médical pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques le protoxyde d’azote est aussi présent dans les aérosols alimentaires. Il est donc accessible en vente libre dans les supermarchés et sur Internet et peut faire facilement l’objet d’usages détournés par voie d’inhalation.
Cette pratique expose à la fois à des dangers immédiats (asphyxie par manque d'oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé de la cartouche, perte du réflexe de toux avec risque de fausse route, désorientation, vertiges, risque de chute) et à des risques en cas d'utilisation régulière et/ou à forte dose (atteinte de la moelle épinière, carence en vitamine B12, anémie, troubles psychiques).
Risques majorés par l'alcool et les drogues
La consommation associée d'autres produits (alcool, drogues) majore les risques.
Dans ce contexte, « l’information des jeunes sur les risques encourus et le repérage précoce de consommations à risque doit s’intégrer dans les interventions portant plus globalement sur la prévention des consommations de produits psychoactifs et des addictions », indique la DGS
En cas de symptômes inhabituels après consommation, en cas de difficulté à contrôler et stopper sa consommation, « il est recommandé de consulter immédiatement un médecin ». Une orientation vers un professionnel d’addictologie « peut être nécessaire pour accompagner les usagers en difficulté pour contrôler leur consommation, et prendre en compte les polyconsommations associées le cas échéant ».
Les autorités appellent aussi les professionnels de santé et les usagers à déclarer tout cas grave d’abus, de dépendance et d’usage détourné sur le site signalement-sante.gouv.fr et à se rapprocher du Centre d’Addictovigilance (CEIP-A) de leur secteur géographique pour toute information complémentaire.
*Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives
** Observatoire français des drogues et des toxicomanies
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