Quand les addictions frappent au cœur

Publié le 09/11/2018
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Drogue synhèse

Drogue synhèse
Crédit photo : VICTOR DE SCHWANBERG/SPL/PHANIE

L’abus de substances récréatives est de plus en plus répandu, avec un risque non négligeable d’ischémie myocardique. Le cannabis augmente la PA, la FC, le débit cardiaque et la consommation d’O2, exposant à des troubles du rythme avec risque de mort subite ou à la survenue d’un syndrome coronarien aigu (SCA). Un risque d’autant plus inquiétant que la consommation de cannabis a augmenté de plus de 40 % et que sa concentration en THC a été multipliée par 10 depuis les années quatre-vingt et par 3 depuis 15 ans. Certes les évènements cardiovasculaires ne représentent que 2 % des complications mais ils ont une mortalité de 25 % !

Les nouvelles drogues de synthèse explosent actuellement, avec un très grand nombre de substances, de plus en plus indétectables. Ainsi des cannabinoïdes de synthèse (CS), dont les effets psychoactifs sont similaires au THC, ou des cathinones de synthèse, dérivées de la cathinone naturelle (un des principes actifs du khat) et utilisées en vaporisation sur des plantes sèches ou dans le liquide des e-cigarettes. En plus des atteintes neuropsychiatriques, elles provoquent troubles CV, augmentation de la PA, de la FC, diminution de l’apport en O2 du myocarde, vasospasmes en particulier coronariens par décharge sympathique, stress hémodynamique et rupture de plaque. Chez des personnes souvent très jeunes, elles peuvent entraîner des troubles du rythme ventriculaire, des SCA ou IDM, avec un angiogramme normal et des anomalies biologiques et de l’ECG inconstantes.

Gare aux produits ménagers

Des produits en apparence tout à fait anodins sont aussi détournés de leur usage. Ainsi, plus de 1 000 produits ménagers sont susceptibles d’être inhalés pour leurs effets psychoactifs : diluants, gaz propulseurs des aérosols, gaz frigorigènes, briquets, etc. Leur utilisation passe généralement inaperçue de l’entourage et peut provoquer une ischémie cardiaque par spasme coronaire irréversible ou une hypersensibilité cardiaque aux catécholamines entraînant des arythmies. Elles ne sont pas rares mais difficiles à diagnostiquer. « Il faut y penser devant des troubles du rythme, une douleur précordiale, une HTA chez un jeune dans un contexte de perte de poids, de troubles anxio-dépressifs, d’irritabilité voire de violence », avertit le Pr Milou-Daniel Drici (Pharmacovigilance, CHU de Nice).


Source : lequotidiendumedecin.fr