Comme la primo-vaccination, le rappel de vaccin anti-Covid-19 pourrait lui aussi présenter une efficacité limitée dans le temps. C’est ce que suggère une étude des Centres pour le contrôle des maladies (Centers for Diseases Control, CDC) américains, selon laquelle le niveau de protection conféré par cette 3e dose chuterait quelques mois après son administration. Et ce, y compris contre les formes graves nécessitant une hospitalisation.
Des données préliminaires plutôt rassurantes jusque-là
Voilà plusieurs mois que la réduction de l’efficacité de la primovaccination au cours du temps a été décrite. Diverses études de vie réelle ont permis de confirmer le phénomène dès l’été dernier, si bien que des campagnes de rappel ont été mises en place dans divers pays du monde, dont la France. Cependant, la durabilité de l'activité de cette dose supplémentaire est encore mal définie.
Un des rares travaux disponibles à l’heure actuelle sur le sujet montre qu’au Royaume-Uni, l’efficacité de la 3e dose de vaccin Pfizer contre les formes symptomatiques commence à diminuer au cours du deuxième mois après l’injection. « 2 à 4 semaines après une dose de rappel, l'efficacité du vaccin atteignait environ 65 à 75 %, tombant à 55 à 70 % à 5 à 9 semaines et à 40 à 50 % à partir de 10 semaines après le rappel », concluent les auteurs de cette étude conduite peu après l’arrivée d’Omicron.
Jusqu'à présent, les données préliminaires apparaissaient cependant plus rassurantes vis-à-vis de la pérennité de l'efficacité de la 3e dose contre les formes graves. « Pour l’instant, aucun élément d’information consistant ne suggère que la protection contre la survenue de formes graves conférée par un rappel vaccinal diminue dans le temps », affirmait le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV) française en janvier.
Pour en avoir le cœur net, les CDC ont surveillé l’évolution de l’efficacité du rappel Outre-Atlantique, en particulier contre les formes graves nécessitant une hospitalisation. Pour ce faire, les agences de santé publique américaines se sont penchées sur des données associées à 93 000 hospitalisations et 241 000 recours à des soins d’urgences enregistrés dans 10 États américains entre août 2021 et janvier 2022, soit au cours des vagues Delta et Omicron.
Une efficacité contre les formes graves de 78 % à quatre mois
Résultat : sans surprise, l’efficacité du rappel contre les formes graves nécessitant une hospitalisation ou un recours aux urgences est indéniable, même si elle apparaît un peu moins élevée chez les plus âgés – classiquement moins répondeurs à la vaccination. « Dans l’étude, [seuls] 10 % des sujets [hospitalisés ou ayant consulté en urgence] avaient reçu un rappel, et 50 % avaient plus de 65 ans », résument les CDC dans un communiqué.
Toutefois, le niveau de protection conféré par cette 3e dose à l’égard du risque d’hospitalisation, certes élevé, diminue au cours du temps. Et ce, de plus de 10 % en quelques semaines. « Pendant la vague Omicron, l'efficacité du vaccin contre l'hospitalisation était de 91 % au cours des deux premiers mois après une troisième dose et […] de 78 %, quatre mois ou plus après une troisième dose », détaillent les CDC.
Cette chute de l'activité du rappel apparaît encore plus importante vis-à-vis du risque de recours aux urgences. De fait, l’efficacité de la 3e dose contre le recours à ces soins tombe de 87 % dans les 2 mois suivant son administration à 66 % après 4 mois, voire 31 % après 5 mois.
Vers une 4e dose ?
Si ces chiffres restent à confirmer, ils pourraient d’ores et déjà plaider pour une 4e dose de vaccin anti-Covid-19. En effet, depuis leur publication, la Suède a recommandé de proposer un second rappel à toutes les personnes âgées de plus de 80 ans.
Jusqu’à maintenant, cette injection additionnelle apparaissait toutefois très controversée. Si certains pays ont d'ores et déjà fait le choix d'instaurer cette 4e dose, à l’instar d’Israël – qui la propose à tous ses habitants de plus de 60 ans ainsi qu’aux professionnels de santé –, d’autres l’excluent pour le moment. C’est le cas de la France, où le COSV ne trouvait, il y a 3 semaines, aucun bénéfice individuel ou collectif à proposer cette dose additionnelle à tout ou partie de la population. L'Agence européenne du médicament se montre elle aussi méfiante à l’égard des rappels en série, stratégie risquant de démobiliser la population, voire de saturer l’immunité qu'elle estime peu durable.
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