Réélu par 51 voix sur 56 à la tête du Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) pour un troisième mandat de trois ans, le Dr Patrick Bouet s'est montré critique sur plusieurs réformes actées par le projet de loi santé.
Sur la réorganisation des soins dans les territoires, le généraliste de Villemomble (Seine-Saint-Denis) appelle le gouvernement à dépasser le projet territorial de santé prévu par la loi pour aller vers une « dimension beaucoup plus proche ». Selon le Dr Bouet, « dans le Finistère, il y a cinq projets territoriaux de santé. Mais ce n'est pas certain qu'à la pointe du Finistère ou à Pont-Aven, le projet local est le même ». Le président de l'Ordre appelle donc le gouvernement à tenir compte des besoins et objectifs des acteurs locaux. « Si ce concept n'est pas précisé au niveau de la gouvernance et des acteurs, on n'aboutira pas à l'objectif recherché. On voit aujourd'hui que les CPTS, c'est une foire d'empoigne », affirme-t-il.
Le médecin, seul pilote
Sur les délégations de tâches, le Dr Bouet regrette le « manque de logique du parcours de soins coordonné ». À l'initiative du député LREM Thomas Mesnier, un amendement a été adopté pour autoriser les pharmaciens à délivrer, sous protocole, des traitements prescrits sur ordonnance, dans le cadre de pathologies simples et du quotidien (angine, conjonctivite, la cystite). « Il est dommage qu'un député soit à l'origine de cette mesure alors que nous n'avons pas pu en débattre ! Le pilote dans l'avion, c'est le médecin et le copilote est le patient. »
Interrogé ensuite sur le référé très critique de la Cour des comptes sur l'Agence nationale du DPC (ANDPC), le président de l'Ordre explique avoir toujours critiqué le fonctionnement de cette instance. Il a même demandé au gouvernement de « revisiter la gouvernance du DPC et le DPC tout court », jure-t-il. « Formation continue et recertification ne peuvent être gérées que par les professionnels eux-mêmes sur le plan des concepts, des besoins et des moyens nécessaires. Il y a une erreur de stratégie au niveau d'une agence nationale », explique-t-il.
La fin du titre de médecin homéopathe ?
Concernant l'homéopathie, l'Ordre prendra position lors d'une session plénière en octobre sur le droit ou non au titre de médecin homéopathe. « Si le droit au titre était supprimé, ça voudrait dire que la mention "homéopathie" ne serait plus reconnue par l'Ordre », a-t-il souligné, précisant que cette décision ne concernerait pas les droits acquis, protégés par la loi.
Le débat portera aussi sur les formations dispensées par certaines facultés de médecine. Avant de trancher, le Dr Bouet attend ici « la position de l'Université quant à la délivrance d'un enseignement et d'un diplôme ».
Quant aux plaintes en cours devant l'Ordre contre plusieurs médecins signataires de la tribune contre les fake médecines, elles « vont continuer leur trajectoire normale », si besoin jusqu'au Conseil d'État « sauf à ce que les plaintes soient retirées ».
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