La commission de transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) a adopté ce mercredi un projet d'avis sur un éventuel déremboursement de l'homéopathie, quelques semaines avant l'avis définitif. Selon le journal « Libération », ce premier avis, provisoire donc, devrait prôner le « déremboursement pour l'ensemble des produits homéopathiques, s'appuyant sur un manque d'efficacité prouvée ».
« La commission de la transparence de la HAS procède à l'évaluation des médicaments homéopathiques depuis plusieurs mois. Celle-ci est toujours en cours et la HAS devrait rendre son avis définitif en juin, une fois que l'ensemble des étapes d'évaluation seront franchies », recadre ce mercredi soir la HAS dans un communiqué.
La commission de la transparence « s'est donné un objectif de publication en juin prochain », souligne la HAS qui ne commentera pas les informations qui circulent dans la presse. L'avis sur les médicaments homéopathiques sera public et « communiqué quand celui-ci sera définitif ».
Phase contradictoire
Mais de fait, commence maintenant une phase contradictoire d'une durée de 10 à 55 jours. Les trois laboratoires concernés (le leader Boiron, Lehning et Weleda) disposent de 10 jours à compter de la réception du projet d'avis pour formuler des observations écrites et/ou demander à être entendus par la commission. Si c'est le cas, la commission de la transparence dispose alors de 45 jours pour donner suite à ces demandes d'audition.
Les industriels pourront faire valoir leurs arguments durant cette phase contradictoire, à l'issue de laquelle sera rendu l'avis définitif de la HAS, sur lequel le gouvernement s'appuiera pour décider ou non de dérembourser l'homéopathie.
130 millions d'euros
En pratique, l'évaluation porte sur 1 200 médicaments homéopathiques « en prenant en compte leur efficacité et leurs effets indésirables, leur place dans la stratégie thérapeutique, la gravité des affections auxquelles ils sont destinés et leur intérêt pour la santé publique », a détaillé la HAS en mars.
En 2017, le remboursement de l'homéopathie a représenté 129,6 millions d'euros sur un total de 19,9 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés, selon la CNAM.
La polémique a été relancée en mars 2018 avec la parution dans « le Figaro » d'une tribune au vitriol contre l'homéopathie et d'autres médecines alternatives signée par un collectif de 124 médecins.
Le ministère de la Santé avait ensuite saisi la HAS fin août pour connaître son avis quant au bien-fondé du remboursement. Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a souligné dans nos colonnes qu'elle prendrait la décision de dérembourser les produits homéopathiques « s’il s’avère qu’ils ne sont pas efficaces » car « ce n’est pas à la solidarité nationale de payer pour des thérapies sans effets scientifiquement prouvés ».
Pétition à succès
L'homéopathie est appréciée des Français: 72 % « croient en ses bienfaits », selon un sondage Odoxa (Baromètre santé 360) publié en janvier.
Face à la crainte d'un déremboursement, les pro-homéopathie (laboratoires et professionnels) ont lancé début avril une riposte médiatique, avec une pétition qui revendique près de 400 000 signatures.
Le 28 mars, les Académies de médecine et de pharmacie ont jugé que l'homéopathie ne devait pas continuer à être remboursée. Le collectif Fakemed, qui promeut une médecine basée sur les preuves scientifiques et combat les thérapies alternatives dont l'homéopathie, avait aussitôt salué cette décision sur les réseaux sociaux.
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