Produits laitiers et os

Tempête dans un verre de lait ?

Publié le 15/05/2015
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Comme il est classique en médecine nutritionnelle, certains aliments passent brusquement du statut « d'ami de la santé » à celui d'accusé. Les produits laitiers se sont ainsi vus incriminés, entre autres, d'effets délétères sur la santé osseuse. Une assertion qui tient difficilement, comme l’ont souligné plusieurs experts lors du récent congrès mondial sur l’ostéoporose.

Fin 2014, une étude suédoise publiée dans le BMJ semait pourtant le doute, suggérant qu'une consommation importante de lait (›600 ml/j) augmenterait le risque de fractures ainsi que la mortalité chez les femmes. Mais ces résultats – qui n'étaient pas retrouvés avec la consommation de yaourts et de fromages, ni chez les hommes – étaient de l’avis même des auteurs à interpréter avec prudence « ?compte tenu des biais potentiels inhérents à ce type d’étude observationnelle ».

Par ailleurs, d'autres études épidémiologiques comme l'étude des 3 Cités contredisent l'étude suédoise, le risque de fracture étant réduit par la consommation de produits laitiers. « ?Les études d'intervention confirment largement l'intérêt de la consommation de lait pendant la croissance, qui permet d'acquérir une masse osseuse de qualité dont le bénéfice se retrouvera plus tard. À l'âge adulte, la consommation de produits laitiers augmente la DMO et diminue les marqueurs sanguins de résorption », ajoute le Pr Jean-Yves Reginster, président du congrès.

Une récente méta-analyse de 17 essais conclut que la prise de calcium, avec ou sans vitamine D, diminue le risque de fracture de 12 %, l'effet anti-fracturaire étant net à partir de 1 200 mg/jour. Des arguments qui ont amené diverses sociétés européennes de rhumatologie à préconiser des apports calciques de 1 200 mg/j après 55 ans chez les femmes et 65 ans chez les hommes, en privilégiant les apports alimentaires. En France, le PNNS recommande la consommation de 3 produits laitiers par jour).

Reste que la publication du BMJ a contribué à entretenir une polémique qui tombe d'autant plus mal « qu'on constate en Europe une consommation notoirement trop basse de calcium chez les femmes », argue le Pr Olivier Bruyère (Liège).

D'après un symposium organisé par le Cerin lors du congrès WCO-IOF-ESCEO 2015.
Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : lequotidiendumedecin.fr