À première vue, les actes de violence les plus graves à l’encontre des médecins ne progressent plus en Haute-Garonne. C’est ce que révèle l’observatoire de la sécurité mis en place par le conseil de l’Ordre (17 agressions en 2013 contre 19 en 2012). Mais pour le Dr Jean Thévenot, président du CDOM 31, ces chiffres sont à prendre avec des pincettes au regard de « la sous-déclaration des agressions et des incivilités de la part des médecins qui ne fait aucun doute ».
Sans dresser de nouveau panorama exhaustif, l’observatoire met en lumière les situations de nature à favoriser ces actes de violence et d’incivilité que subissent les médecins, notamment dans les zones urbaines.
Les violences (verbales ou physiques) par des personnes toxicomanes figurent parmi les cas les plus fréquemment signalés. Autre cause de tensions qui dégénèrent : le refus du médecin d’accéder à aux exigences de certains patients (rendez-vous, prescriptions, cas particuliers...). La situation est parfois très dégradée. « Dans les quartiers réputés défavorisés de Toulouse, les visites à domicile ont été purement et simplement abandonnées par la majorité des médecins, déplore le médecin. Ce qui crée une difficulté d’accès aux soins pour les patients, notamment des personnes âgées, et ce au cœur même de l’agglomération toulousaine ».
Charte de la laïcité
L’Ordre des médecins de Haute-Garonne plaide pour l’instauration d’un dispositif d’accompagnement physique des professionnels. Il consisterait à escorter les médecins libéraux dans leurs interventions sensibles par des « grands frères » comme cela se fait en Seine-Saint-Denis. « La précédente municipalité avait proposé la police, mais nous avons refusé, la réflexion est ouverte avec la nouvelle équipe », explique le Dr Thévenot.
Parmi les différentes spécialités, ce sont les ophtalmologistes qui signalent le plus grand nombre d’agressions et d’incivilités. « C’est aussi dans cette spécialité que les délais d’attente pour les prises de rendez-vous sont les plus longs », souligne l’Ordre. Il précise que la longue attente dans les cabinets est un facteur aggravant.
Autre point sensible : la prise en charge de patients qui affichent des convictions religieuses, jusqu’à refuser la prise en charge par des médecins hommes. L’Ordre s’est doté d’un groupe de travail qui prépare une charte de la laïcité applicable début 2015.
Des films pour sensibiliser
Pour libérer la parole et apprendre aux médecins libéraux et hospitaliers à mieux gérer les situations conflictuelles, le conseil de l’Ordre de Haute-Garonne vient de décider une formation ad’hoc, sous forme de réunions de prévention. « Nous commençons par quatre rendez-vous* mais l’idée est de pérenniser le dispositif car l’attente est forte : les premières sessions se sont remplies en quelques jours » observe le président de l’Ordre.
Organisées en partenariat avec des référents de la police et de la gendarmerie (ainsi que le réseau prévention de la violence et orientation santé), ces séances s’articulent autour de films inspirés d’agressions réelles et s’emploient à apporter un savoir-faire aux médecins.
*Des dates sont prévues pour les médecins en cabinet de ville mais aussi en établissement. Inscription sur www.ordmed31.org
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