Face à la crise, 40 % des professionnels se déclarent « anxieux » et « à risque »

Forte anxiété et perception du risque, sentiment largement partagé d'un manque de soutien mais beaucoup plus rarement impuissance et découragement : tel est le ressenti exprimé par les professionnels de santé, à la lumière d'une étude* sur le vécu des soignants (médecins, infirmiers, aides-soignants ou internes) face à la pandémie, étude réalisée en avril via les réseaux sociaux (LinkedIn, Facebook et Twitter). 

Une part significative des 766 professionnels de santé qui ont témoigné se disent « à risque » (42 %) ou « anxieux » (41 %). Un quart d'entre eux expriment de l'épuisement, un manque de soutien et même de l'impuissance et 15 % vont jusqu'au découragement. Les items positifs sont très minoritaires (seuls 10 % s'estiment « reconnus » et 2 % récompensés). 

Le ressenti est un peu meilleur dans le corps médical. Chez les seuls médecins et internes, 39 % se disent « à risque », 31 % « anxieux » et 16 % en « manque de sommeil ». Mais seuls 18 % se sentent « bien » et 13 % sont « optimistes » sur leur situation au travail. Toutefois, les praticiens et les internes jugent mieux contrôler la situation que la moyenne des autres soignants (47 %) et  à peine 3 % se disent dépassés. 

Besoin de matériel de protection

Fil rouge de la crise sanitaire depuis le début, les professionnels de santé qui se sont exprimés sur les réseaux sociaux en avril étaient en forte demande de matériel de protection. Les infirmiers attendaient en priorité des combinaisons de protection et blouses (82 %) puis des masques (71 %). Les médecins étaient 82 % à indiquer avoir besoin de masques, 73 % de tests sérologiques et 58 % de tests PCR.

Interrogés sur la gestion de la crise, les professionnels de santé français se montrent critiques envers les autorités publiques, ce que confirme un autre sondage aujourd'hui. Ils accordent une notre globale de satisfaction de 2,2/5. Les libéraux sont les plus sévères avec une note de 1,9/5 adressée aux pouvoirs publics. La date du déconfinement progressif à partir de ce lundi 11 mai suscite une approbation limitée (2,4/5).

* Étude réalisée par la société Potloc, spécialisée dans les enquêtes sur les réseaux sociaux, le cabinet de conseil en stratégie L.E.K. Consulting et l’association Soins aux Professionnels en Santé (SPS). 766 professionnels de santé dont 16 % de médecins, 34 % d'infirmiers, 7 % d'internes, 13 % d'aides-soignants et 30 % d'autres soignants ont répondu entre le 10 et le 24 avril 2020 à un questionnaire en ligne partagé sur les réseaux sociaux. 76 % des répondants exercent à l'hôpital ou en clinique, le reste en cabinet libéral.