Je ne connais pas cet homme et cette femme qui se présentent ce matin à ma consultation. Je ne suis pas leur médecin traitant, mais le médecin agréé qui doit statuer sur l’aptitude de la demoiselle à devenir aide-soignante.
Je m’adresse à elle.
Sans vouloir être méchant, ni méprisant, je trouve qu’elle a un faux air de Nabila ou d’une starlette de la télé réalité qui cherche son prince autour d’une piscine de W9. À chaque question posée, je m’attends à ce qu’elle me réponde par un percutant « Non mais Allô, quoi… », expliquant sans doute la raison pour laquelle, à 28 ans, son papa l’accompagne chez le docteur…
Je lui pose les questions d’usage, et elle m’explique que quelquefois, elle souffre un peu de sa hanche gauche. Le papa intervient pour dire que lui aussi, il a de l’arthrose et que d’ailleurs, on vient de lui poser une prothèse de hanche.
S’ensuit une discussion sur l’arthrose, et je déballe fièrement toute ma science doctement acquise au gré des innombrables formations et lectures, que le sérieux et la rigueur intellectuelle imposent au professionnel affûté que je suis.
« Mais oui, lui dis-je, faudra surveiller tout ça, il y a une composante génétique dans l’arthrose, vous savez. Regardez votre papa qui n’est pas si vieux et qui déjà…
– Euh, mais c’est pas mon papa en fait ; c’est mon compagnon et nous nous marions dans 15 jours…
Je crois que j’ai dit « Ah » et que j’ai plongé mon nez rosi par la confusion dans les papiers que je devais remplir.
Je crois aussi que j’ai pensé très fort : « Mais tu pouvais pas la fermer pour une fois ta grande bouche (oui, faut être poli quand on écrit) ; non mais Allô, quoi !… »
Surtraitements ou restrictions ?
Suite à tous les articles sur le dépistage et le surtraitement des cancers du sein et surtout actuellement celui de la prostate avec remise en cause de ceux-ci, voici mes réflexions.
- Derrière ces campagnes parfaitement orchestrées, il y a des restrictions économiques qui doivent faire se retourner dans sa tombe « Hypocrate ».
- Je ne pense pas que nous puissions prévoir l’évolution d’un cancer de la prostate et je serais curieux de connaître la décision de ces « décideurs » si un PSA anormalement élevé était détecté dans leurs bilans biologiques : attendre ? pas de traitement ? regretter d’avoir fait ce dosage ?
- Un traitement curatif précoce et rapide n’empêche pas toujours l’évolution inéluctable.
- Combien de patients ces décideurs ont-ils accompagnés jusqu’à la fin ?
Un médecin généraliste ayant exercé pendant 39 ans et quelques mois
TVA et expertises médicales : à ma CPAM
Voici un courrier adressé à la CPAM dont je dépends :
Monsieur le directeur,
Monsieur le médecin chef et cher confrère,
À compter du 01 janvier 2014, la législation française a rendu, pour les experts dépassant un certain chiffre global d’honoraires d’expertises diverses, les expertises médicales redevables de la TVA à 20 %.
Suite à un courrier à la CPAM de Saint Quentin, il m’a été indiqué que celle-ci ne prenait pas en charge la TVA et que celle-ci était donc implicitement comprise dans les honoraires d’expertise.
Le montant de celle-ci étant fixée à C 3,5 et le C n’ayant pas été revalorisé, elles sont donc fixées au prix faramineux de 80,50 euros.
À compter du 01 janvier 2014, déduction faite de la TVA, il me restera alors la somme considérable de 80 % soit 64,4 euros.
Il fut un temps héroïque où la Sécurité sociale joignait des enveloppes affranchies, temps lointain…, ce n’est plus le cas actuellement. Permettez-moi ce bref calcul :
- Convocation de l’assuré LRAR : 5,23 euros
- Avis au médecin traitant et à la CPAM : 1,26 euro
- Réponse à la CPAM, au médecin et au patient : 1,89 euro
Ceci si tout se passe bien et que le patient vient la première fois
- Frais de frappe et de convocation (20 minutes avec charges patronales) : 7 euros (désolé mais ma secrétaire n’est pas au SMIC)
- Amortissement de matériel et frais de papeterie divers : 1 euro
TOTAL : 16,38 euros
Reste donc comme honoraires globaux pour 45 minutes d’expertise et 30 minutes en moyenne de rédaction et de relecture la somme extraordinaire de 48,02 euros soit environ :
38,41 euros de l’heure brut (je n’ose pas calculer le salaire net)
Vous comprendrez donc, qu’avec ce tarif brut, j’arrête d’effectuer, à compter du 01 janvier 2014, des expertises L141 1. Soit, me direz-vous, le tarif précédent de 61 euros soit 48,8 euros brut de l’heure n’était pas non plus important et, de plus, pour respecter les délais, je les rédigeais le week-end !
Je n’aurais pas l’outrecuidance de comparer ces honoraires à ceux de mon plombier mais… !!!
Veuillez agréer, mesdames, messieurs, l’assurance de mes respectueux sentiments.
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