L'homéopathie est en passe de devenir le feuilleton de l'été. Après l'annonce de son déremboursement total en 2021 par la ministre de la Santé, les étudiants en pharmacie se sont prononcés pour que la discipline soit toujours enseignée dans les facultés (mais avec une lecture critique). Ce dimanche 21 juillet, ce sont 45 députés qui ont signé une tribune dans le JDD, s'opposant au déremboursement de l'homéopathie.
Parmi les députés signataires (majoritairement dans l'opposition), plusieurs professionnels de santé, dont un médecin cardiologue, le Dr Michel Fanget (MoDem, Puy-de-Dôme). Joint par le « Quotidien », le cardiologue, non prescripteur d'homéopathie, s'explique sur sa signature de cette tribune.
« Je ne suis pas dans une croisade contre le déremboursement, mais je pense que c'est une fausse bonne idée pour plusieurs raisons. Cela ne fera pas faire d'économies à l'assurance-maladie, puisque cela représente 0,01 % des dépenses de médicament. Aucune étude ne prouve l'efficacité de cette thérapie, certes, mais plus de 70 % des gens l'utilisent sans que cela ait des effets secondaires sur leur traitement. Or si cela ne fait pas du bien, ça ne fait pas de mal », argumente le Dr Fanget.
« La Haute autorité de santé s'appuie sur des considérations scientifiques, forcément qu'elle allait donner cet avis, et la ministre n'avait pas d'autre choix que de le suivre ! Mais il faudrait aussi demander l'avis des médecins sur le terrain, au contact des patients qui prennent de l'homéopathie », indique le cardiologue. Il rappelle également qu'il y a « toute une filière » derrière l'homéopathie. « Les laboratoires Boiron, ce sont 2000 personnes », souligne le Dr Fanget, conseiller régional en Auvergne-Rhône-Alpes.
Alternative à d'autres traitements
Les signataires de la tribune – dont une pharmacienne, Josiane Corneloup (LR, Saône-et-Loire) et une sage-femme, Bérengère Poletti (LR, Ardennes) – rappellent par ailleurs que l'homéopathie contribue « à diminuer la consommation médicamenteuse et à combattre l'antibiorésistance », et est « une alternative personnalisée à certains traitements ». « Entre 30 % et 50 % des malades atteints d'un cancer l'utilisent en soins de support pour réduire les effets secondaires des traitements dits traditionnels », indiquent les députés.
Autre argument des défenseurs de l'homéopathie : la pratique est reconnue depuis longtemps « par les autorités et la communauté médicale, a été exercée pendant plus de 200 ans et est inscrite à la pharmacopée française en 1965 ». Difficile pour eux d'accepter qu'elle soit « soudainement reléguée au rang de fake médecine ».
Selon les 45 parlementaires, « le déremboursement total de l'homéopathie entraînera inévitablement un fort pourcentage de report vers la médecine traditionnelle, plus coûteuse et avec davantage de risques d'effets indésirables et secondaires », d'où leur demande « de maintenir le niveau de remboursement à 30 % ».
Sur Twitter, les « anti fake med », initiateurs de la tribune de mars 2018 dans le Figaro, n'ont pas tardé à réagir à la publication.
Je pense à cette maman qui a attendu et souffert pendant 12h aux urgences à cause du manque de moyens et de personnel.
— Jérémy Descoux - Asclépios (@Ascl_Pios) July 22, 2019
Parce que l'argent dont ils ont besoin a été accaparé par des traitements reconnus inefficaces et défendus par des députés hors sol https://t.co/KYv8JDxSmt
Le député @Paul_Molac est à la politique ce qu’est l’homéopathie à la médecine et à la science. https://t.co/y9XpaOPpD3
— Jean-Jacques Fraslin - No #FakeMed (@Fraslin) July 22, 2019
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