SIMPLES d’utilisation, plus fonctionnelles que des logiciels métiers, les messageries de santé rencontrent un succès croissant auprès du corps médical. Dans sa thèse soutenue il y a deux ans et consacrée à « la dématérialisation des échanges entre les médecins », le Dr Julien Dufrenne relevait les prémices de cet engouement. Selon le travail du Dr Dufrenne, « en 2008, 29 % des généralistes échangeaient des informations sur Internet via une messagerie non sécurisée et 20 % utilisaient une messagerie sécurisée de santé ou une solution équivalente ». Près des trois quarts de ces utilisateurs sécurisaient leurs messages via Apicrypt, créée en 1996 par des médecins et devenue leader du marché, qui revendique aujourd’hui 47 000 professionnels de santé abonnés payants.
Le déploiement du dossier médical personnel (DMP) ayant un sérieux retard à l’allumage – 405 000 dossiers créés France entière –, plusieurs institutions et sociétés commerciales ont tenté, souvent sans succès, de lancer leur propre messagerie.
Une nouvelle solution professionnelle et sécurisée baptisée MSSanté vient de voir le jour. Opérationnelle depuis deux semaines, cette messagerie portée par l’Ordre des médecins a été mise en œuvre par l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (ASIP-Santé). « 2 000 adresses ont été créées en 15 jours », assure le Dr Jacques Lucas, vice-président du CNOM. Son objectif est simple. « Aujourd’hui,la plupart des échanges entre professionnels se font en utilisant des services de messagerie non sécurisés, et destinés au grand public », poursuit le Dr Lucas. MSSanté veut résoudre ce handicap en proposant aux professionnels un service gratuit et crypté, capable de relier tous les professionnels inscrits au répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) et interopérable avec les messageries cryptées actuelles.
Concurrence.
L’arrivée de MSSanté sur le marché crée des tensions entre les partisans de l’une ou l’autre des solutions. Le directeur d’Apicrypt, le Dr Alain Caron, s’interroge sur l’intérêt d’une nouvelle messagerie, alors que la sienne donne à ses yeux toute satisfaction, et enregistre depuis l’automne 1 000 nouveaux abonnés par mois. « À moins, ajoute-t-il, que certains ne soient agacés de voir une initiative privée réussir là où l’État échoue depuis quinze ans ». Le Dr Claude Bronner (FMF) voit en MSSanté une « machine de guerre contre Apicrypt ». MSSanté a un « défaut majeur » selon lui : son annuaire ne recense que les adresses « @mssante ».
La messagerie de l’ASIP trouve un ardent défenseur en la personne du Dr Claude Leicher, président de MG France qui qualifie sa mise en service de « progrès considérable ». « Apicrypt a rendu de gros services, mais son système de cryptage n’est pas tout à fait conforme aux recommandations sur la sécurité des échanges électroniques » affirme Claude Leicher.
Le patron de MG France juge que le succès de MSSanté pourrait bien donner le coup de grâce au DMP, les médecins n’ayant nulle envie de remplir à la fois leur messagerie et le dossier médical personnel.
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