Oui, la montagne a accouché d’une souris, et Monsieur Revel doit bien rigoler (et a dû être félicité par Marisol Touraine) après avoir obtenu les paraphes tant espérés pour appliquer la nouvelle convention.
Les syndicats signataires ont été les premiers à être les plus virulents à l’égard de ces nouvelles dispositions (très complexes par ailleurs) pour revaloriser les généralistes. La revalorisation sur le champ de l’acte de base à 25 euros (élément qui depuis le départ était la condition d’une étude approfondie de ladite convention) a été soigneusement oubliée par nos collègues syndicalistes qui en rechignant ont quand même pris leur stylo.
Cette somme (que de nombreux confrères jugent par ailleurs pas assez suffisante), est un des piliers du colloque singulier entre le patient et le médecin. Elle permet de sceller la relation entre le professionnel de santé et le patient, et donne tout son sens à l’implication du professionnel, mais aussi aux soins qu’il peut lui prodiguer. Discuter d’une revalorisation basée sur des économies réalisées sur des objectifs économiques ou administratifs dénature quelque peu le rôle du généraliste qui est avant tout le garant de la santé de la personne qui lui confie ses états d’âme ou ses maux.
D’autre part, à l’annonce de l’accouchement de cette nouvelle convention, les médias généralistes ont annoncé une des mesures « phare » de cette convention qui ne rentera en application qu’en mai 2017 (avec le nouveau président) : l’augmentation du tarif de la consultation à 25 euros. En parallèle, ils ont chiffré les dépenses engendrées par cette revalorisation, et ont bien mis en exergue les conséquences sur les finances publiques. Après 6 ans d’absence de modification du tarif de la consultation, le généraliste va obtenir 25 euros ; une augmentation colossale de sa rétribution (sic). Cela n’a pas manqué d’échapper à bon nombre de patients, et de ce fait a favorisé une certaine méfiance à l’égard de ces professionnels attirés par l’argent.
Le temps de se préparer…
De plus, cette mesure qui, en situation de crise, va avoir des conséquences sur le budget de l’État est une véritable reconnaissance par nos dirigeants politiques. Cette remarque n’a pas échappé à de nombreuses personnes. Le plus souvent les informations concernant les hausses de tarif des transports, de l’électricité nous parviennent deux à trois mois avant leur application. Pour le tarif des médecins, les patients ont le temps de se préparer ce sera dans 8 mois… Pour une fois l’info a été très rapide ; tellement que certaines personnes ont pensé que l’application devenait effective dès cette annonce.
Malheureusement, on oublie le travail du généraliste, son investissement, son absence de reconnaissance par les pouvoirs publics. Il devient de plus en plus un prestataire aux yeux des décideurs, et son rôle se borne à devenir un maillon dans la prise en charge des patients chroniques. Or, c’est à lui et à toute son équipe de professionnels de santé de proximité que devrait revenir ce rôle de coordinateur dans la prise en charge du patient. Connaître cet élément est une des conditions qui permet de mieux comprendre comment le praticien peut suivre de manière tout à fait humaniste, et en plus en réduisant le coût d’une prise en charge effectuée avec des nombreux intervenants privés (d’ailleurs la Sécu commence à contrôler certains de ces organismes privés pas nécessairement philanthropes).
Travail de sape
Bien entendu, nos énarques peuvent concevoir la politique de santé de demain dans leurs bureaux parisiens, mais avant de pondre quelconque idée, il aurait fallu qu’ils descendent de leur tour d’ivoire. À force de saper le moral des praticiens de terrain, et donner l’image d’une profession arc-boutée sur ses émoluments, nous allons nous trouver avec des confrères qui ne vont plus s’investir auprès des patients, et très rapidement en étant aussi désabusés n’approfondiront pas la relation privilégiée entre médecin et malade. D’ailleurs, le rejet de l’actuelle politique de santé menée par nos dirigeants fait la quasi-unanimité auprès de nos confrères qui à plus de 70 % ne veulent pas de la convention.
Sacrifier les généralistes, c’est une manière de rendre notre système de soins moins performant, et moins humaniste. Cette constatation découle de la signature de la convention qui nous permet de comprendre que notre profession n’est pas suffisamment unie, et parasitée par des unités syndicales qui accentuent cette division (ce qui est apprécié par nos politiques). N’oublions pas que pour que nos patients puissent avoir un système de soins performant, nous allons devoir tous nous battre, et nous faire entendre, car nous sommes les médecins traitants de nos concitoyens.
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