C'est de médecin à médecin qu'Olivier Véran a souhaité s'adresser au corps médical alors que la seconde vague de Covid-19 s'abat partout en France. Dans deux courriers en date du 28 octobre dont a eu connaissance « Le Quotidien », l'un envoyé aux hospitaliers (via les directions) et l'autre aux libéraux (via les ARS et URPS), le ministre de la Santé détaille les mesures mises en place et livre son plan de bataille.
Pour réussir à surmonter les quinze prochains jours qu'il prévoit « extrêmement difficiles », le locataire de Ségur veut « augmenter plus fortement les possibilités de prise en charge de patients en soins critiques et dans les services de médecine pour l'accueil de malades Covid ».
Il demande ainsi aux hospitaliers de « déclencher sans attendre » les premiers paliers de déprogrammation et de mettre en œuvre le niveau 2 du plan blanc partout ou cela n'a pas encore été fait. Les établissements sont appelés à armer le plus de lits supplémentaires de soins critiques afin d'atteindre rapidement les capacités maximales.
L'objectif est de permettre la plus grande solidarité interrégionale. Afin de faciliter les transferts de patients notamment mais aussi dans le but d'organiser « le déport de certaines activités vers d'autres sites hospitaliers (...) de patients non-Covid en situation de fortes pertes de chances ». Il reviendra aux agences régionales de santé (ARS) d'animer « la coordination territoriale de ces mesures et l'articulation permanente avec les réanimations Covid de référence » sur les territoires.
Déprogrammations massives
Dans les régions les plus touchées par l'épidémie, le ministre demande l'activation des plus hauts paliers de déprogrammation sur « les activités chirurgicales (y compris ambulatoires) et médicales pouvant l'être ». Les services hospitaliers doivent cependant pouvoir garantir une prise en charge « dans les meilleures conditions possible » des patients atteints d'un cancer, des personnes en attente de greffe et des malades chroniques nécessitant des soins urgents.
La santé mentale aussi devra bénéficier d'une attention particulière, « notamment les publics mineurs avec handicap psychique », précise le courrier. L'hospitalisation à domicile, les sorties précoces et le télésuivi devront être privilégiés à chaque fois que cela est possible.
Toutes les déprogrammations devront « faire l'objet d'une décision collégiale de la communauté médicale accompagnée d'une analyse bénéfices/risques en fonction de la situation du patient », peut-on lire. Le ministre dit pouvoir compter sur la « diligence » des médecins dans la mise en œuvre de ces mesures et les assure de sa « totale mobilisation » à leurs côtés.
Tests antigéniques en cabinet
Dans son courrier adressé aux libéraux, Olivier Véran donne plusieurs gages pour faciliter l'exercice pendant la période de confinement. Ainsi, il annonce la prolongation des dérogations relatives aux visites en EHPAD. L'application de la majoration d'urgence pour chaque acte réalisé auprès d'un résident pourra continuer à être appliquée.
La participation des médecins de ville aux nouveaux modes de dépistage va aussi être garantie. « Dès la semaine prochaine », ils pourront s'approvisionner auprès des pharmaciens d'officine en tests antigéniques.
Par ailleurs, le ministre explique avoir demandé aux ARS de se tenir à l'« écoute dans le déploiement des organisations territoriales adaptées (centres Covid, équipes mobiles, dispositifs ad hoc de permanence des soins…), en lien étroit avec les caisses d'assurance-maladie ».
En outre, plusieurs aides pour faire face à la baisse d'activité des cabinets vont être renouvelées ou prolongées. C'est le cas de la télémédecine, prise en charge intégralement par l'assurance-maladie, y compris les téléconsultations par téléphone. Enfin et « pour les spécialités concernées », les aides économiques mises en place au printemps seront reconduites pour aider les libéraux « à faire face à leurs charges ».
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