Guillaume, Krystel, Émilie n’ont pas encore prêté serment mais franchissent le seuil du conseil régional d’Ile-de-France de l’Ordre des médecins (CROM IDF) « pour éviter d’y remettre les pieds ».
Face aux conseillers ordinaux qui statuent chaque semaine sur les dérapages et conflits impliquant des médecins, les internes se montrent curieux et attentifs. « Être poursuivi dans ses premières années d’exercice, c’est stressant et démotivant alors autant connaître les règles du jeu dès le départ » lance l’un d’entre eux.
Tenir les avocats à distance
Le Dr Gérard Compain, secrétaire général adjoint du CROM, et Jean-Pierre Batard, vice-président du SML, leur font toucher du doigt les situations banales qui risquent de mal tourner. « Il n’y a pas de petit certificat médical, sa rédaction engage à coup sûr votre responsabilité avec ou sans guillemets, insiste Gérard Compain. Elle n’est jamais urgente alors surtout ne pas hésiter à faire revenir les patients ».
Jean-Pierre Batard tient ici la parade avec un courrier type que le patient peut remettre à des tiers, invités à demander ce certificat médical par écrit (pour en motiver les raisons). « Cette formulation écrite stoppe neuf demandes sur dix. Il ne faut jamais se précipiter lorsque l’orthophoniste, l’instituteur ou l’avocat d’un des parents en procédure de divorce vous réclament rapidement ce document par téléphone entre deux consultations alors que votre salle d’attente est bondée... ». Le Dr Compain va plus loin. « Méfiez-vous en particulier des avocats car ils connaissent mieux la loi que vous et sont capables de vous demander de curieuses attestations ! Rien ne vous empêche de leur répondre que vous allez solliciter rapidement l’avis du conseil départemental de l’Ordre ». Une position qui évite de se retrouver par la suite en difficulté...
Le pouvoir de dire non
« La déontologie a disparu des programmes en faculté. Pour aller au-delà des interventions isolées de conseillers ordinaux dans les amphithéâtres, nous renouvellerons cette initiative mieux briefer les jeunes avant de démarrer », confie le Dr Philippe Garat, trésorier du Crom, à l’initiative de ces premiers ateliers.
Il recommande par exemple aux futurs praticiens de se méfier des courriers entre confrères que trop de médecins remettent dans les mains des patients. « Ces enveloppes sont systématiquement ouvertes, or le plus grand ennemi du médecin en matière judiciaire reste le patient », insiste le Dr Garat.
Autre piège : les certificats réclamés par... les assureurs auxquels les médecins n’ont aucun devoir de répondre. « Nous voyons passer au tribunal de jeunes médecins encore remplaçants. C’est un signal fort qui nous pousse à leur expliquer les erreurs à ne pas commettre, comment ne pas céder à la pression des patients. Expliquer son refus prend souvent plus de temps que de rédiger un certificat. Aujourd’hui, nous souhaitons leur apprendre à dire non, même face à un commissaire de police », souligne Philippe Garat.
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