Toutes les études attestent d’une diminution significative des infections liées au HPV sous l’effet de la vaccination. Ainsi, en Australie qui a été le premier pays à introduire la vaccination anti-HPV et où la couverture vaccinale à trois doses est supérieure à 70 % chez les adolescentes de 11-12 ans, la prévalence des HPV vaccinaux est passée de 28,7 à 6,7 % (1) chez des jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans consultant en centre de planning familial, ce qui situe l’efficacité vaccinale contre l’infection par les HPV vaccinaux à 73 %.
Aux États-Unis, une étude menée 4 ans après la mise en place du programme de vaccination (2) fait état d’une diminution de plus de 56 % des infections à HPV chez les jeunes filles âgées de 14 à 19 ans vaccinées.
Le vaccin a également un impact sur l’incidence des condylomes, bien démontrée dans les études menées en Australie, en Suède, aux États-Unis.
Quelques études suggèrent le développement d’une immunité de groupe dans les pays où la couverture vaccinale est supérieure à 50 %, avec, notamment, une diminution de la prévalence des HPV16 et 18 et des condylomes chez les hommes et les femmes non vaccinées.
Concernant l’impact du vaccin sur les lésions pré cancéreuses, une étude australienne de cohorte rétrospective sur près de 39 000 jeunes filles (3) atteste d’un taux de détection sur frottis des lésions cervicales de haut grade significativement moindre chez les femmes vaccinées que chez les non vaccinées. L’efficacité vaccinale pour un schéma complet à trois doses a été estimée à 47,5 %.
«Considérant ces données internationales démontrant l’efficacité du vaccin en situation réelle sur la prévalence des infections à HPV et l’incidence de lésions précancéreuses, on peut raisonnablement espérer, indique la Dr Isabelle Hau-Rainsard, que d’ici quelques années on confirmera que la vaccination apporte une protection supplémentaire vis-à-vis de la mortalité du cancer du col de l’utérus. En France ce cancer est actuellement responsable de 1 000 décès par an. Il est essentiel, souligne le Dr I. Hau-Rainsard, que la stratégie vaccinale soit couplée à une amélioration du dépistage dans notre pays ».
Pas de lien de causalité avec les maladies auto-immunes
Concernant la tolérance de cette vaccination, avec un recul de plus de 7 ans et plus de 170 millions de doses délivrées au niveau international, il n’existe aucun élément en faveur d’un lien de causalité entre la vaccination et les effets indésirables qui lui ont été attribués, en particulier le risque de maladie auto-immune. Ainsi, en France, les données SNIIRAM (système national d’information interrégimes de l’assurance-maladie) portant sur une cohorte de 1 774 000 jeunes filles âgées de 11 à 15 ans parmi lesquelles 33,8 % avaient eu une vaccination anti-HPV (4) n’indique aucune différence dans le taux d’incidence de 9 maladies auto-immunes entre les vaccinées et les non vaccinées après 3 ans de suivi (2,14/10 000 personnes dans la population vaccinée, 2,06 dans la population non vaccinée).
Une étude cohorte récente incluant toutes les femmes danoises et suédoises âgées de 10 à 44 ans (près de 4 millions de femmes dont 800 000 vaccinées) suivies de 2006 à 2013 n’a pas retrouvé de majoration du risque de sclérose en plaque (SEP) ou d’autres maladies démyélinisantes chez les femmes vaccinées (5).
En France une couverture vaccinale en baisse
La couverture vaccinale à 3 doses du vaccin anti-HPV était en 2013 de 38 % à l’âge de 20 ans mais de seulement 16 % à 16 ans alors que l’on sait qu’il est essentiel que la vaccination soit effectuée avant la survenue de l’infection HPV. Et la tendance est plutôt à la baisse puisque la proportion de jeunes filles de 15 ans ayant reçu une dose est passée de 26 % en 2011 à 18 % en 2013.
(1) Tabrizi SN et al. J Infect Dis 2012;206:1645-51
(2) Markowitz LE et al. J Infect Dis 2 013;208:385-93
(3) Gertig DM et al. BMC Med 2013;11:227
(4) Haut Conseil de la santé publique juillet 2 014
(5) Scheller NM et al JAMA 2 015 ; 313 : 54-61
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