L’Ordre des médecins sort de sa réserve et de ses gonds. « Nous comprenons la mobilisation du 30 septembre et nous nous positionnons auprès des hospitaliers le 14 octobre [en conflit sur les questions de gouvernance] » a déclaré le Dr Patrick Bouet, président de l’institution ordinale, en soutien appuyé au mécontentement qui s’exprime dans la profession.
Le président du CNOM dénonce en premier lieu « les attaques contre les professions réglementées » du projet de loi croissance et pouvoir d’achat. « C’est une agression pour la biologie médicale et une menace pour l’indépendance des professionnels », analyse-t-il, rappelant que la spécialité est en pleine réforme depuis la loi de mai 2013. Le projet de loi, qui envisage l’ouverture élargie du capital des laboratoires à des investisseurs extérieurs, non biologistes, risque d’aboutir à une industrialisation du secteur avec la recherche prioritaire de rentabilité et de dividendes pour les actionnaires, des objectifs « en contradiction avec la sécurité du patient », argumente le Dr Bouet. Il s’alarme également du volet du projet de loi concernant l’organisation des soins oculaires. « Il n’appartient pas au ministre de l’Économie de construire la filière de santé et de créer de nouveaux métiers comme les optométristes ».
La médecine vendue par appartements
Ces inquiétudes sont « exacerbées » par la loi de santé de Marisol Touraine, poursuit le président de l’Ordre.
Il fustigeà cet égard « la centralisation de la gouvernance » aux mains des directeurs généraux d’ARS et affiche sa déception en terme de démocratie sanitaire. « On envisage que les gens se parlent mais pas qu’ils soient associés à la décision. Le texte ne va pas assez loin », déplore le Dr Bouet.
Le patron de l’Ordre ne se réjouit pas davantage des délégations de tâches prévues dans le projet de loi (au profit des paramédicaux ou des pharmaciens). « On préfère le mode coopératif où des compétences s’associent. Nous ne vendons pas la médecine par appartement », tacle-t-il.
Seul le tiers payant généralisé échappe (du moins en théorie) aux foudres ordinales : « Nous n’y voyons aucun élément antidéontologique mais il faut de la simplification, met en garde le Dr Bouet. Cela veut dire un seul concentrateur de remboursement, la trésorerie du médecin ne doit pas être otage du payeur ».
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