Pour faire face aux risques de mésusage des médicaments de substitution aux opiacés, et des risques de surdose et de décès associés, la commission des stupéfiants et psychotropes de l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) a organisé une journée d’échange avec les acteurs de l’addiction. La primoprescription de méthadone en ville (PPMV), l’accès à la naloxone, et la formation des médecins de ville à l’addictologie y ont notamment été discutés. Un plan de réduction des overdoses (OD) et décès est en préparation.
« La mise à disposition de traitements de substitution aux opiacés (TSO) et de seringues a constitué une réussite de santé publique », a rappelé le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS). Aujourd’hui, 180 000 personnes bénéficient de TSO en France, les professionnels de ville constituent un maillon majeur et l’accès aux TSO en milieu carcéral s’est amélioré. On observe cependant une hausse des surdoses, de la mortalité, des pratiques de mésusage (rares mais dangereuses) et des difficultés dans le parcours de soins. » Pour l’ANSM, l’objectif est clair : faire baisser le nombre d’OD aux opiacés en France.
Cette journée réunissait les membres de la commission des stupéfiants et psychotropes de l’ANSM et de nombreux acteurs des secteurs médical, médico-social, associatif… En France, le secteur des TSO est globalement scindé entre buprénorphine (BHD, pour buprénorphine à haut dosage) et méthadone (avec une toute petite part de sulfates de morphine). Si la prescription de BHD est majoritaire, elle est en baisse ces dernières années et les parts respectives sont de 65 % et 34 % en 2015 (contre 80 % pour la BHD et 19,5 % pour la méthadone en 2009).
Débat autour de la primoprescription de méthadone en ville
Une question qui a largement opposé les différents intervenants lors de cette journée est celle de la PPMV de méthadone. Cette substance est d’un maniement complexe, et le risque de surdosage est plus important qu’avec d’autres opiacés. Le cas américain (avec son épidémie d’addiction) fait craindre le pire pour la France et explique certaines réticences.
L’ANSM a rappelé les résultats de l’étude Méthaville, qui étaient plutôt encourageants, mais souligne l’importance d’une formation spécifique des prescripteurs, d’un agrément des médecins (volontaires, formés et conventionnés), et de la nécessité d’une collaboration entre acteurs (médecins, pharmaciens).
En revanche, les acteurs s’accordent sur la place à donner à la naloxone dans le panel d’outils et de techniques de prévention. Ils s’inquiètent d’un prix trop élevé (100 euros le kit), et du manque de disponibilité du produit.
Place des médecins de ville
Plusieurs intervenants se sont inquiétés de l’implication en baisse des généralistes de ville. Pour Claude Bronner, du Collège de la médecine générale (CMG), pour augmenter le nombre de MG impliqués, il faut « déjà respecter ceux qui le sont déjà ». Il insiste ainsi sur les risques de procédures des caisses de l’Assurance Maladie : « Les suspensions ne donnent pas envie de poursuivre ou se lancer en addictologie », regrette-t-il. Pour favoriser l’implication des plus jeunes, la formation initiale et continue a été largement avancée. La place possible de la ROSP est aussi envisagée. « Ça a été efficace pour les benzodiazépines (dans l’autre sens), ça pourrait l’être pour les TSO », indique Nathalie Richard.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation