Dans une étude publiée ce vendredi 12 juillet 2019 dans la revue « Science », des chercheurs français ont identifié un nouveau mécanisme cellulaire qui altère la formation du placenta lors de certaines grossesses pathologiques (infections congénitales, virales, génétiques ou auto-immunes). Un développement anormal du placenta, qui peut par conséquent provoquer des complications obstétricales graves comme des fausses couches ou des retards de croissance intra-utérine.
Des protéines fusogènes inhibées
Selon les chercheurs, le mécanisme cellulaire impliqué dans le développement anormal du placenta est lié à l’interféron, une substance que fabriquent les cellules immunitaires en réponse à certaines infections, notamment virales. Ainsi, l’interféron a une fonction bénéfique d’un point de vue immunitaire. Seulement, « des taux élevés d’interféron de type 1 pendant la grossesse sont associés à des retards de croissance intra-utérine, des naissances prématurées [et] des morts fœtales, via des mécanismes qui ne sont pas bien compris », peut-on lire dans la publication.
Dans cette étude, des équipes de l’Institut Pasteur, du CNRS, de l’Inserm, de l’hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP) et de l’Université de Paris, montre que l’interféron est responsable d’anomalie du placenta et qu’il agit en empêchant la formation du syncytiotrophoblaste, couche externe du placenta. « Si le syncytiotrophoblaste ne se forme pas correctement, ceci peut entraîner une insuffisance placentaire et entraver le bon développement du fœtus », affirme Olivier Schwartz, chef de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur et co-auteur de l’étude.
Une potentielle stratégie thérapeutique
Le syncytiotrophoblaste est constitué de cellules trophoblastiques qui fusionnent entre elles via des protéines, les syncytines. « Nous avons découvert que l’interféron va induire la production de protéines IFITM (interferon-induced transmembrane proteins) qui vont bloquer l’activité de fusion des syncytines », explique M. Schwartz. « En clair, le placenta et plus particulièrement le développement du placenta, est très sensible à l’état immunitaire de la maman », résume le co-auteur.
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé plusieurs modèles expérimentaux, en manipulant à la fois des cellules trophoblastiques humaines, mais aussi des souris en gestation de manière in vivo. Les chercheurs se sont intéressés aux mécanismes de fusion et de formation du syncytiotrophoblaste, en utilisant des protéines fluorescentes permettant ainsi de quantifier l'activité fusogène des syncytines.
Les résultats des analyses révèlent que l'efficacité de la fusion était « significativement » réduite par les IFITM, se traduisant par une perte de « fluorescence ». Selon le co-auteur, la découverte de ce mécanisme cellulaire offre des perspectives intéressantes sur le plan thérapeutique. « À plus long terme, un blocage des effets d’IFITM pourrait constituer une nouvelle stratégie thérapeutique pour prévenir les anomalies placentaires liées à l’interféron », indique le chercheur.
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