La piste vaccinale pourrait aider à faire face à l'inquiétante augmentation des infections à gonocoque de plus en plus résistantes à l'échelle mondiale, comme s'en est de nouveau inquiété l'OMS très récemment.
C'est un pas dans cette direction qui vient d'être fait avec la première preuve d'efficacité d'un vaccin contre le gonocoque dans « The Lancet ». Il s'agit d'un vaccin existant dirigé contre le méningocoque B, le MenZB, et qui a été utilisé lors d'une campagne nationale de vaccination de masse (2004-2006) en Nouvelle-Zélande.
À partir des données de 11 centres de santé sexuelle néozélandais, des chercheurs de l'université d'Auckland ont mis en évidence une diminution significative du risque de l'infection sexuellement transmissible (IST) chez des sujets âgés de 15 à 30 ans ayant été vaccinés par rapport à des sujets non vaccinés (41 % versus 51 %). Cette étude rétrospective a exploité 14 730 cas d'IST enregistrés entre janvier 2004 et décembre 2016 : 1 241 cas de gonocoques, 12 487 cas de chlamydia et 1 002 cas de co-infection.
Une efficacité modeste mais intéressante
Si l'efficacité vaccinale reste modeste, estimée à 31 % après ajustement (sexe, ethnie, abstinence sexuelle, origine géographique), l'équipe dirigée par le Dr Helen Petousis-Harris est la première à obtenir une réponse vaccinale positive, après l'échec de quatre candidats vaccins au stade d'essai clinique.
Selon une modélisation prédictive, une efficacité de 30 % pourrait diminuer la prévalence du gonocoque de plus de 30 % en 15 ans si l'immunité se maintenait dans le temps. L'efficacité croisée est plausible sur le plan physiopathologique, dans la mesure où les souches Neisseria gonorrhoea et Neisseria meningitidis partagent 80-90 % de leur patrimoine génétique, rappellent les auteurs.
Des preuves à confirmer
La protection était moindre chez les sujets co-infectés à chlamydia, ce que les auteurs expliquent en avançant : « La co-infection semble induire un environnement immunologique profondément différent de l'infection à gonocoque seule. »
Si le vaccin utilisé en Nouvelle-Zélande, dit de type « OMV » (pour outer membrane vesicle), n'est plus commercialisé, le vaccin quadrivalent 4CMenB (Bexsero) inclut ces mêmes antigènes OMV. Néanmoins, les auteurs se veulent prudents et disent la nécessité d'attendre les données d'efficacité du Bexsero et d'autres vaccins anti-méningocoque B avant de le recommander en pratique, sans compter que l'efficacité vaccinale pourrait être variable selon les souches de gonocoques.
Un champ de recherche indispensable
Le Pr Steven Black, de l'hôpital pédiatrique Cincinnati et co-auteur, reste optimiste : « Si le 4CMenB (Bexsero), actuellement disponible dans de nombreux pays, se révèle aussi efficace que le vaccin MenZB, on peut espérer un déclin des gonococcies avec la mise en place de programmes de vaccination chez les adolescents ».
Aujourd'hui, seul le Royaume-Uni a intégré le vaccin en routine, ailleurs et notamment en France, le Bexsero est indiqué « pour des populations cibles dans le cadre de situations spécifiques épidémique et d'hyperendémie », comme le précise Santé Publique France dans le calendrier vaccinal 2017.
Dans un éditorial, le Pr Kate Seib, de l'Institute of Glycomics à l'université Griffith (Australie), conclut : « Des études sur les antigènes et les mécanismes responsables de la protection médiée par le MenZB contre l'infection gonocoque apporteront des informations uniques pour guider le développement vaccinal à l'avenir. Compte tenu de l'importance de la maladie et de la menace de gonococcie non curable en raison de l'antibiorésistance, il devient impératif de revisiter les options vaccinales et redynamiser la recherche dans ce champ. »
Article précédent
Guyane : premier cas de fièvre jaune depuis près de 20 ans, une personne décédée
Article suivant
Agnès Buzyn : « Nous sommes dans l’irrationnel le plus total », à propos de la nocivité des adjuvants vaccinaux
À l'IAS 2017, un pas de plus vers le vaccin contre le sida
Obligation vaccinale : la Société française de santé publique veut des mesures d'accompagnement sans délai
Vaccins : pour une critique constructive
Origine et solutions
11 vaccins obligatoires : une entrée en vigueur prévue au 1er janvier 2018
La rougeole a fait 35 décès au cours de ces 12 derniers mois en Europe
Non vaccinée, une jeune fille est décédée de la rougeole en PACA
Hépatite B : le plan de bataille des autorités pour vacciner les étudiants de santé
Vaccination obligatoire : Agnès Buzyn « siffle la fin de la récré »
La couverture vaccinale ne remonte pas dans le monde, déplorent l'OMS et l'UNICEF
Dr Daniel Lévy-Bruhl : « L'enjeu : obtenir un taux de couverture élevé »
Épidémie de rougeole en Italie : près de 4 500 cas dont 3 décès chez des non-vaccinés en 2017
Bénéfices attendus sur la couverture vaccinale
Aluminium dans les vaccins : rien pour l'instant ne remet en cause la balance bénéfice risque
Journée nationale de lutte contre les hépatites B et C : aller au plus près des populations « vulnérables »
Calendrier, absence de sanction, exigibilité... L'obligation vaccinale par le menu
Guyane : premier cas de fièvre jaune depuis près de 20 ans, une personne décédée
Première preuve d'efficacité vers un vaccin gonocoque
Agnès Buzyn : « Nous sommes dans l’irrationnel le plus total », à propos de la nocivité des adjuvants vaccinaux
BCG, méningocoque, HPV... les recommandations du calendrier vaccinal 2017
Hépatite A chez des HSH à Rouen : les leçons d'une épidémie
Plus de 9 millions d'Européens souffrent d'hépatite
Chez les ados dans Calvados et dans l'Orne, mauvaise couverture vaccinale et mauvaise perception du risque
Italie : un enfant de 6 ans atteint de leucémie meurt des complications liées à la rougeole
La non-vaccination en partie responsable du retour de la coqueluche aux États-Unis
Un vaccin contre la fièvre typhoïde envisagé pour l'immunisation à grande échelle
Hépatite A et B : AIDES lance un appel à la vaccination à l'approche de l'été
Savoir pour agir
Vaccins, prévention : l'Afrique et l'Asie misent sur les nouvelles technologies
Vaccin contre la grippe à haute dose : moins d'hospitalisations pour maladies respiratoires chez les personnes âgées, même les plus fragiles
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation