« C’EST GÉNIAL ! C’est fantastique ! Je suis très heureuse pour lui. » Le Dr Joëlle Belaisch-Allard*, qui a participé aux débuts de la FIV en France avec Jacques Testard, René Frydman et Jean Cohen, ne tempère pas son enthousiasme, à l’annonce de la récompense de Robert Edwards. « Ce prix Nobel marque la reconnaissance de son courage, de sa persévérance, à une époque où ce n’était vraiment pas facile. Personne ne pensait que " Bob " Edwards réussirait la fécondation in vitro. C’était un homme passionné. »
Difficile, la FIV l’était aussi dans sa réalisation clinique. « On a oublié combien cela était lourd au début. On pratiquait une laparotomie pour ponctionner l’ovaire et prélever un ovocyte unique en cycle spontané. » Il fallait calculer le moment du début du pic de LH en sachant que l’ovulation survient de 37 à 40 heures plus tard. « Ce qui pour le médecin signifiait immanquablement un prélèvement en pleine nuit… Au sortir d’une autre intervention. »
Les 37-40 heures fatidiques.
« Puis très vite, dans les années 1980, nous sommes arrivés à la ponction par voie cœlioscopique. » Il fallait toujours calculer l’heure de l’ovulation, grâce à quatre dosages de LH pendant la journée, chez une patiente maintenue à jeun. Les résultats arrivaient en fin d’après-midi, le début du pic de LH était estimé. Il ne restait plus qu’à attendre les 37-40 heures fatidiques pour réaliser la cœlioscopie, chez une patiente intubée. Et comme toujours cela tombait au beau milieu de la nuit ! Joëlle Belaisch-Allard se souvient de Robert Edwards en visite dans le service où elle exerçait et disant « vous n’aurez pas de grossesses, vos salles de transfert sont trop loin… »
Par la suite est apparue la stimulation de l’ovulation. Elle a permis d’obtenir plusieurs follicules et non plus un seul. « Et surtout le déclenchement par la gonadrotrophine chorionique endo au lieu de la LH. Nous pouvions programmer l’heure de la ponction. » En 1986-1987 est arrivé ce qui fut nommé « la révolution des analogues du GnRH ». Ils empêchaient les pics de LH spontanés, permettant de réaliser les ponctions dans le courant de la journée.
« J’ai retrouvé récemment des données qui montrent que, dans les années 1983-1984, nous avions royalement 4 % de grossesse. En 1989, soit plus de dix ans après Louise Brown, nous étions passés à 12 % d’accouchements. »
« Je pense qu’il ne serait plus possible maintenant de démarrer un tel projet. Avec toutes les procédures, toutes les sécurités… », constate la gynécologue, qui juge faramineux les progrès réalisés en un peu plus de trente ans. Pourtant, « actuellement, certains nous reprochent d’en faire trop. Ne stimulez plus ! La stimulation est trop forte ! La FIV est un fardeau ! Pourtant ce que veulent clairement nos patientes est une grossesse, peu importe la technique. Et je crois qu’ils ont oublié que la FIV était considérée, à l’époque, comme un miracle. »
* Chef du service de gynécologie obstétrique et d’assistance à la procréation, hôpital Jean Rostand (Sèvres)
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation