La cohorte Drakenstein a inclus, en 2014, des femmes enceintes vivant dans une banlieue défavorisée de Cape Town (Afrique du Sud) et 1 000 couples mères-enfants témoins, pour un suivi de cinq ans. Parmi les nombreux paramètres analysés, la santé respiratoire, notamment l’incidence, les facteurs de risque et les agents pathogènes responsables d’infections respiratoires basses (IRB).
L’une des originalités de ce travail est d’étudier le rôle et les interactions potentielles de divers facteurs pouvant avoir un impact sur le développement respiratoire et la santé de l’enfant : environnementaux, infectieux, nutritionnels, génétiques, psychosociaux, maternels et immunologiques.
La surveillance active des infections respiratoires basses a pris en compte les hospitalisations et les infections suivies en ambulatoire avec, pour chaque cas, des prélèvements nasopharyngés et une analyse de l’expectoration induite. À chaque épisode infectieux, la recherche du germe causal a été effectuée par PCR. Une analyse de la fonction respiratoire a été réalisée chez tous les nourrissons à l’âge de 6 semaines, puis annuellement et le cas échéant à chaque épisode infectieux.
Au total, les 1 137 femmes enceintes incluses dans l’étude, souvent des femmes seules, infectées par le VIH dans 20 % des cas, ont donné naissance à 1 143 enfants vivants (dont quatre paires de jumeaux et des triplés). Ces enfants ont été largement exposés in utero au tabagisme maternel : 27 % des femmes enceintes fumaient, et à la naissance 56 % des enfants avaient des taux de cotinine élevés, au niveau de celui d’un fumeur actif une fois sur cinq. La majorité des enfants sont nés à terme (17 % de prématurité), avec un poids moyen de 3 kg. La plupart (92 %) ont bénéficié d’un allaitement maternel, toutefois de très courte durée (un mois en moyenne).
Malgré une large couverture vaccinale, incluant le vaccin antipneumococcique à 13 valences, l’incidence des IRB a été élevée (0,27 épisode par année-enfant), particulièrement chez les nourrissons âgés de 1 à 6 mois. En se basant sur une analyse cas-contrôles, le virus respiratoire syncytial (VRS), le virus Influenza et B. pertussis ont été les trois germes les plus associés aux IRB. Le VRS était à lui seul en cause dans un quart des cas. Le portage de S. pneumoniae, M. catarrhalis ou encore de S. aureus était très fréquent dans les trois mois précédant l’infection.
Près de la moitié des enfants ont eu au moins un épisode de sifflements dans les trois premières années, le plus souvent avant l’âge de 12 mois. Le wheezing était fortement associé aux IRB.
Parmi les déterminants de la fonction respiratoire à l’âge de 6 semaines : la taille et le sexe de l’enfant, son statut VIH, l’exposition au tabagisme maternel et au benzène durant la grossesse et la consommation maternelle d’alcool. Le suivi de la fonction pulmonaire a permis de mettre en évidence une altération des paramètres respiratoires à 1 et 2 ans chez les enfants qui avaient eu une IRB précoce, ou une IRB sévère ayant nécessité une hospitalisation.
Présentation du Pr Heather Zar (Cape Town, Afrique du Sud)
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