« Pour faire simple, on refuse que ce soit des "vieux" qui décident pour les jeunes ! »
Les mots sont simples, directs et peu diplomatiques. Ainsi s’exprime Mélanie Marquet, la nouvelle présidente de l’Intersyndicat national des internes (ISNI), aux manettes depuis une semaine.
Ce franc-parler à l’adresse des syndicats « seniors » a séduit les troupes lorsqu’il s’est agi de trouver un nouveau leader après le renversement du bureau précédent, le 10 janvier, à la faveur de l’assemblée générale extraordinaire du syndicat. L’ISNI avait besoin d’un nouveau souffle dans une période très agitée. « Nos positions étaient inaudibles médiatiquement sur la loi de santé, analyse Mélanie Marquet, jusqu’alors vice-présidente. Nous avons mal communiqué sur le sujet des 48 heures hebdomadaires, et nous avons aussi des problèmes pour communiquer entre nous, et avec les villes ».
Une première
Aujourd’hui interne en médecine générale au CHU de Montpellier, cette jeune femme de 28 ans née dans l’Hérault ajoute donc son nom à la liste des leaders de syndicats médicaux originaires du Languedoc-Roussillon, comme Lamine Gharbi (patron de la FHP, cliniques), le Dr Jean-Paul Ortiz (président de la CSMF) ou encore le Dr Jean-Luc Baron (présidents de CME de l’hospitalisation privée).
C’est lors de son externat au CHU de Nîmes - la fac de Montpellier est présente dans les deux hôpitaux - qu’il faut chercher les premiers engagements associatifs de Mélanie Marquet. « J’avais créé là-bas l’association de tutorat pour les premières années. Nous avions alors instauré un stage de prérentrée moyennant 50 euros d’adhésion », se souvient-elle.
Pour une jeune femme interne en médecine générale, accéder à la présidence de l’ISNI (qui historiquement défendait plutôt les internes de spécialités avec des hommes à sa tête) est une grande première. Cette situation s’explique notamment par le fait qu’à Montpellier les internes ne comptent qu’une seule association, et un très fort taux de syndicalisation. « On n’est pas 100 % mais presque », plaisante l’interne en précisant que le syndicat local est une structure mixte qui cherche à équilibrer les rapports de force entre la faculté et les internes.
Construire l’exercice de demain
Être interne en médecine générale ne devrait pas pousser pour autant Mélanie Marquet à privilégier un combat identitaire pour cette discipline. « La médecine générale a été reconnue il y a dix ans. Il faut arrêter ce combat médecine générale contre les autres spécialités », résume-t-elle.
En revanche, elle affiche l’ambition de peser davantage sur le cours des discussions qui concernent directement la jeune génération : modes d’exercice, piliers de la médecine libérale, organisation des soins. Avec un tacle pour ses aînés : « Aujourd’hui, si nous voulons absolument être à la table des négociations sur la loi de santé, c’est pour construire notre outil de travail de demain, explique-t-elle. Les seniors, eux, parlent surtout de tarifs. De notre côté, nous avons acté que, pour le grand public, le médecin est devenu un prestataire de services comme un autre. Nous ne sommes pas attachés à cette image de notable et de statut social du médecin. »
Révolution du premier recours
Dans le cadre de la loi de santé, Mélanie Marquet appelle de ses vœux une réorganisation lisible du parcours de soins, fondée sur des soins primaires mieux identifiés. « Faisons enfin la révolution du premier recours, avec une redistribution des rôles entre le premier, le deuxième, et le troisième recours aux soins. Les cabinets de ville doivent être en première ligne avec une spécialité ophtalmo ou gynéco par exemple. Ces médecins orientent ensuite vers leurs confrères et/ou les hôpitaux en cas de besoin. Pour cela, il faut arrêter les soins de premier recours à l’hôpital »
Persuadée que les syndicats de praticiens installés auront aussi besoin des internes dans les combats à venir, Mélanie Marquet réclame une place active pour les jeunes médecins dans tous les groupes de travail, mais aussi un siège qui ne soit plus un simple strapontin dans les négociations conventionnelles avec la CNAM. « On a une vision transversale à faire valoir », insiste la jeune interne qui a pris rapidement ses marques.
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