En 2014, le développement professionnel continu (DPC) a connu la crise et même frôlé la faillite. Plus de 38 000 médecins libéraux différents ont suivi une action de DPC ainsi que de très nombreux autres professionnels de santé (tableau). Cette crise de croissance a entraîné une crise financière.
L’organisme gestionnaire (OGDPC) a dû prendre des mesures radicales, mi-octobre, pour éviter le dépassement du budget prévisionnel en 2014 et réduire la voilure. Treize millions d’euros ont été débloqués en urgence pour abonder le budget initial de 166 millions d’euros alloué cette année au DPC de tous les professionnels de santé libéraux et des centres de santé*.
Un second ajustement controversé a marqué les esprits. Dorénavant, seule la première inscription réalisée – hors formations de formateurs et maîtrise de stage – sera prise en charge. Cette limitation de remboursement à un seul programme de DPC, adoptée « jusqu’à nouvel ordre » selon l’OGDPC, a été perçue comme un « désengagement de l’État » par les syndicats de médecins libéraux.
Colère et pétition
Cette reconfiguration passe très mal. « Il y a 2 ans, les médecins pouvaient suivre 8 jours de formation. Aujourd’hui ils n’ont plus droit qu’à un seul programme de DPC. Leur formation continue est étranglée », dénonce le syndicat de généralistes MG France. La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a vu dans ce « rationnement du DPC » un « nouveau coup porté à la médecine libérale ».
Dorénavant, un programme de deux jours suivi chaque année suffit à un médecin pour ne pas être considéré en situation d’insuffisance professionnelle.
« Cette réduction du nombre de programmes est un retour en arrière inquiétant, affirme le Dr Antoine de Beco, président de la Société de formation thérapeutique du généraliste (SFTG). Ce n’est pas conforme aux 40 heures de formation continue par an que demande l’Europe. C’est incompréhensible. »
Le collège de médecine générale, qui regroupe les organisations professionnelles et scientifiques de la spécialité, a lancé une pétition pour dénoncer ces mesures de restriction qui a réuni plus de 6 500 signataires en deux mois.
Du nouveau en 2015
Les pouvoirs publics n’ont pas l’intention de financer intégralement le DPC dont le coût total devrait s’élever, selon l’IGAS, à 565 millions d’euros par an si tous les professionnels de santé libéraux réalisaient un programme annuel.
Le ministère de la Santé a lancé fin novembre une nouvelle concertation avec les acteurs du DPC qui doit durer deux mois. Objectif : fixer de nouvelles règles du jeu à la faveur de la prochaine loi de santé.
Plusieurs pistes sont évoquées : le passage d’une obligation annuelle à une obligation valable plusieurs années (3 ans) ou encore la baisse du forfait individuel fixé à 3 700 euros par médecin libéral.
« Les orientations nationales de DPC, qui fixent les priorités de formation, pourraient également être davantage fléchées », confie le Dr Bernard Ortolan, directeur scientifique de l’ACFM, organisme de formation de la CSMF.
*chirurgiens-dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, médecins, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-podologues, pharmaciens et sages-femmes
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