YVES LETERME s’est démené sans obtenir de résultat. Il lui a fallu neuf mois pour constituer son gouvernement, en réalité pour amadouer les néerlandophones qui font une douloureuse crise d’identité. Ce gouvernement n’aura duré que cinq mois. Malade depuis près de deux ans du différend entre sud et nord, c’est-à-dire entre flamands et wallons, la Belgique vient de faire une grave rechute. Bien que les Belges ne croient pas que la crise puisse se traduire par des violences, la question de l’unité du royaume est clairement posée. Et il ne faut pas être excessivement pessimiste pour imaginer une scission qui signerait l’arrêt de mort de la Belgique. Un tel désastre compliquerait énormément la construction européenne (d’autant que la Belgique est censée présider l’Union à partir du 1er juillet prochain) et risque d’entraîner une demande de rattachement des francophones à la France, ce qui ne nous réjouit pas particulièrement, car cette éventualité cimenterait des ressentiments d’un autre âge.
L’identité nationale, c’est la langue.
Il ne fait pas de doute que, jusqu’à présent, les Wallons n’ont fait aucun effort pour se rapprocher des Flamands. Ils ne souhaitent pas apprendre leur langue et, dans le fameux BHV (Bruxelles-Hal-Vilvorde), ils ont encore le droit de ne parler que le français dans toutes les instances administratives ou judiciaires, alors que le BHV se trouve de fait en territoire flamand. Mais la réaction des néerlandophones confine à l’absurde. Les Flamands refusent de parler le français (qu’ils connaissent) dans les bureaux de poste ou dans les administrations ; la tension est à son comble. Les Belges devraient s’inspirer du Canada qui affiche le français et l’anglais simultanément, même dans les provinces anglophones. Ce qui ne signifie pas pour autant que les Anglophones soient contraints de parler le français, sauf au Québec. Si Éric Besson cherche encore ce qui peut le mieux définir l’identité nationale, il devrait l’avoir trouvé : c’est le langage. Lequel risque de déclencher au cur de l’Europe la crise politique la plus grave et la plus anachronique de l’après-guerre.
MAJORITAIRES, LES NÉERLANDOPHONES SOUFFRENT D’UNE LANGUE BIEN MOINS RÉPANDUE QUE LE FRANCAIS
La classe politique belge est épuisée par une crise sans fin et les hommes d’État susceptibles de jouer un rôle de médiation se comptent sur les doigts. Si les francophones campent sur leurs positions sans trop en rajouter, les néerlandophones, qui constituent une majorité de 60 %, sont prêts à tracer leur frontière. Leur ressentiment, proche de la haine, ne peut diminuer que si les Wallons acceptent enfin d’admettre qu’ils ne sont que francophones, pas français. Car, sous la violence de la crise, on devine un peu d’arrogance ironique chez les Wallons : « Si vous voulez le divorce, semblent-ils dire, nous épouserons la France en secondes noces ». Cependant, pour se marier, il faut être deux et il n’est pas certain que nos dirigeants, y compris les plus souverainistes d’entre eux, soient prêts à engager la France dans une aventure qui, si elle augmenterait son poids politique, lui vaudrait aussi des réactions très hostiles, notamment au sein de l’Union européenne où elle acquerrait une influence au moins égale à l’Allemagne. En outre, les Wallons pourraient être déçus par le mariage et on entrerait alors dans une crise encore plus grave.
Pour le bilinguisme.
Il serait donc infiniment préférable que les Wallons renoncent à un plan B ultrasecret, dont personne ne parle mais que tout le monde devine. C’est seulement s’ils n’ont que le choix de poursuivre leur cohabitation avec les Flamands qu’ils finiront par leur accorder des concessions. De leur côté, les Flamands, plongés dans la rage d’une minorité martyre alors qu’en réalité ils sont plus nombreux et plus riches, devraient admettre que le flamand n’est pas une langue aussi répandue que le français. Ils sont donc linguistiquement minoritaires, ce qui n’est pas la fin du monde, et quel mal y a-t-il à être bilingue ?
Une chose est sûre : la Belgique ne peut pas rester dans une certitude permanente qui finira par la tuer. L’Open VLD, le parti des libéraux flamands qui vient de claquer la porte du gouvernement, it qu’on peut réévaluer la situation et les présidents des partis francophones sont prêts à rouvrir les discussions. on souhaite qu’ils réussissent.
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