Un consortium de chercheurs lyonnais travaille à la validation d’une nouvelle méthode pour détecter le Covid-19 dans l’air expiré, grâce à une technologie qui se base sur la spectrométrie de masse. L’étude, commencée début mars, pourrait ouvrir la voie à des dépistages moins invasifs que les prélèvements nasopharyngés.
« L’objectif de notre étude est de tester une nouvelle technologie qui se base sur de la spectrométrie de masse, explique le Dr Alexandre Gaymard, virologue aux Hospices civils de Lyon et investigateur principal de l’étude COVIDAir. C’est une technique qui permet de détecter et de quantifier les molécules organiques que l’on retrouve dans l’air expiré. Nous voulons comparer cette technique aux tests PCR sur prélèvements nasopharyngés pour déterminer un diagnostic d’infection par le SARS-CoV-2 ».
L’étude est menée par un consortium de chercheurs de l'Institut des agents infectieux des Hospices Civils de Lyon (HCL), mais également de l'Institut de recherches sur la catalyse et l'environnement de Lyon (Ircelyon, CNRS/Université́ Claude Bernard Lyon 1), de l'Institut des sciences analytiques (ISA, CNRS/Université́ Claude Bernard Lyon 1) et du Centre international de recherche en infectiologie (CIRI - Inserm/CNRS/Université́ Claude Bernard Lyon 1/ENS de Lyon), en collaboration avec le virologue lyonnais Bruno Lina.
Un résultat en moins d'une minute
« L’équipe universitaire de l’Ircelyon, spécialisée en chimie de l’air, a mis au point ce dispositif pour faire des diagnostics d’infections respiratoires, développe le Dr Gaymard. Ils l’ont testé chez des patients hospitalisés à la Croix-Rousse dans des services de réanimation entre mai et septembre 2020 ». Grâce aux souffles analysés chez ces patients hospitalisés, la signature spécifique de l’infection par le Covid-19 a été trouvée et intégrée dans un logiciel, ce qui permet d’avoir un résultat rapide, en moins d’une minute. L’étude préliminaire montrait une correspondance de plus de 95 % avec la PCR classique. « L’appareil est l’équivalent d’un grand frigo sur roulette, sur lequel il y a un bras avec un embout en plastique, dans lequel le patient va souffler, comme pour un éthylotest, décrit-il. Il doit souffler une seule fois, d’une expiration prolongée pendant quelques secondes. Ensuite, un traitement informatique des données permet de rendre un résultat en quelques secondes ».
Comparaison avec la PCR
Pour mener leur étude, les scientifiques ont positionné leur machine au Palais des sports de Gerland, dans un centre de dépistage des HCL. « Pour pouvoir l’utiliser, il faut avoir plus de 6 ans, ne pas avoir de contre-indication au prélèvement nasopharyngé et être en capacité de souffler », précise le Dr Gaymard. Un questionnaire clinique est rempli avant de laisser souffler la personne dans l’appareil. « Puis les données sont collectées et comparées avec les résultats obtenus par PCR en laboratoire de virologie. Nous recherchons aussi d’autres virus, comme celui de la grippe ou du VRS », ajoute-t-il. L’équipe de chercheurs vérifie l’efficacité du dispositif dans les sous-populations, par exemple chez les personnes asymptomatiques ou chez les patients infectés par des variants.
Actuellement, un peu plus de 2 500 patients ont été inclus depuis le 1er mars. « Nous souhaitons recruter entre 5 000 et 5 500 patients afin de tester la spécificité des modèles obtenus et leur robustesse, indique le Dr Gaymard. Nous voulons voir si l’appareil a des performances similaires à la PCR et le placer en fonction des tests antigéniques et salivaires. Si les performances de la machine s’avèrent bonnes, le but serait de la déployer en dépistage sur le territoire français ». On pourrait ainsi imaginer leur installation à l’entrée de salles de spectacles ou dans des aéroports. Les premiers résultats préliminaires de l’étude COVIDAir sont attendus d’ici cet été.
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