Ulcérations, brûlures sténoses, nécroses, fistules… Les risques liés à l'ingestion de piles boutons au lithium sont nombreux. Et depuis 2002, cet accident domestique a quadruplé, selon la société Duracell qui lance une campagne de prévention du 1er octobre au 31 décembre. L'objectif : favoriser les bons réflexes, alors que l'utilisation de piles boutons au lithium est en forte augmentation. On les trouve notamment dans les télécommandes, les clés de voiture, les thermomètres, les balances alimentaires ou encore dans les jouets pour enfants.
L'hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP) a mené une étude sur le sujet du 1er janvier 2021 au 30 juin 2022, en se fondant sur la base de données de patients de l'AP-HP Orbis. « En faisant une recherche par mots-clés (via le logiciel Dr Warehouse), nous avons constaté que, durant cette période, 50 enfants ont été pris en charge à Necker pour ingestion de piles, soit près de trois enfants par mois », indique la Pr Florence Campeotto, gastro-entérologue pédiatre à l'hôpital Necker.
Par ailleurs, en 2017, près de 70 % des appels reçus sur six mois d'astreintes d’endoscopie digestive de Paris et d'Île-de-France (hôpitaux Necker, Trousseau et Robert-Debré) concernaient des ingestions de corps étrangers, et 25 % de ces corps étrangers étaient des piles.
Au Samu de Paris, 25 appels ont été passés au régulateur pour ingestion d’une pile plate en 2021 : 18 enfants avaient moins de deux ans et sept plus de deux ans. Tous ont été orientés aux urgences et trois enfants ont été transportés par le Samu pour urgence vitale. « Les piles ingérées provenaient de boîtes de stockage de piles, de télécommandes, de montres, de paquets neufs ouverts, de jouets, de veilleuses d'appareil photos. Un appareil auditif était également recensé », précise la Pr Campeotto.
Optimiser la prise en charge
Les signes de gravité de l'ingestion d'une pile sont les suivants : diamètre de plus de 15 mm, enfants de moins de cinq ans, pile coincée dans l'œsophage, prise en charge lente (plus de deux heures). Une fois avalées, les piles boutons peuvent entraîner des ulcérations et des nécroses plus ou moins sévères de la paroi de l’œsophage et/ou de l'estomac.
« Une sténose de l'œsophage est également possible : elle doit être dilatée par voie endoscopique. Douleurs, dysphagie, et amaigrissement de l'enfant sont observés. Dans certains cas, une nutrition entérale (par sonde nasogastrique) ou une chirurgie de remplacement de l'œsophage doivent être envisagées, détaille la gastro-entérologue. Autre complication : la fistule digestive, qui correspond à une communication anormale entre le tube digestif et la surface cutanée, pouvant entraîner une hémorragie sévère, cataclysmique. »
En cas d'ingestion ou de doute, le réflexe est d'appeler immédiatement le centre 15 (Samu), même si l'enfant n'a pas de symptômes. L'objectif étant de réaliser une radiographie rapidement. Enfin, il ne faut jamais faire vomir, manger, boire l'enfant, ni lui donner de médicaments. L'enfant doit rester assis. La conduite à tenir est développée dans les récentes recommandations de la Haute Autorité de santé (février 2022).
Des mesures de protection déjà en place
Actuellement, 25 millions de piles boutons au lithium sont vendues en France. Un marché en croissance de + 92 % (en volume) par rapport à l'année 2018. Près d'un tiers des foyers achète au moins une fois par an ces piles spéciales. « La pile bouton au lithium la plus vendue mesure 20 mm, soit le même diamètre que l'œsophage d'un enfant », précise Marion Le Bastard, directrice marketing France chez Duracell. Compte tenu de leur petite taille, ces piles peuvent, en effet, facilement se coincer dans l'œsophage de l'enfant et se réactiver.
« Depuis 2018, Duracell s'est engagé pour prévenir les accidents liés à l'ingestion de piles boutons au lithium. Nos emballages sont inviolables. Nos piles sont emballées dans une double coque en plastique. De plus, au dos de chacune d'elles, nous avons collé un sticker au goût très amer (composé de Bitrex) pour provoquer un effet de rejet dès que l'enfant le porte à la bouche », note Marion Le Bastard.
Lors de sa campagne, la marque sensibilisera les acteurs de la grande distribution et proposera une campagne d'informations sur son site. Duracell intègre par ailleurs un flyer de prévention des ingestions de piles dans « La Boîte Rose », ce coffret remis aux parents dans les maternités.
D'après la conférence de presse Duracell du 27 septembre
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