VERSATILE, l’opinion américaine était déçue par Obama. La gauche lui reproche notamment de n’avoir pas affronté l’opposition et renoncé à adopter une assurance publique pour les Américains qui voulaient en bénéficier. Elle exige de lui des mesures sévères contre les institutions financières et une taxation accrue des revenus élevés. Cette déception est à la mesure des illusions engendrées par l’entrée à la Maison Blanche d’un président démocrate et noir. En aucun cas, l’ancien sénateur de l’Illinois n’aurait fait autre chose que maintenir le leadership américain dans le monde. Mais leadership, selon lui, ne signifie pas recours à la force en toute occasion.
Il s’est présenté comme l’homme du rassemblement et, pour rien au monde, il n’aurait livré un combat contre le parti républicain dont beaucoup d’éléments, pourtant, sont allergiques à Obama. Sa patience, le temps qu’il consacre à la persuasion, le respect qu’il affiche pour ses adversaires les plus déterminés, le calme avec lequel il accueille les calomnies proférées contre lui font partie de sa méthode de gouvernement : ce n’est pas parce qu’il est le président qu’il doit sévir contre ceux qui le contestent.
Les résultats obtenus, au bout de quinze mois de présidence, par Barack Obama, sont conformes à sa façon de gérer les dossiers : pas spectaculaires, mais progressifs. Cependant, contrairement à ce que dit la gauche américaine, Obama n’est pas resté inerte : il a lutté contre la crise financière avec efficacité ; il a su préserver des emplois dans une situation de chômage galopant ; il lance en ce moment même une réforme du système bancaire et financier qu’il va soumettre aux contrôles de l’administration ; très discrètement, il a annulé des contrats entre le Pentagone et les industriels qui portaient sur des centaines de milliards de dollars. Il s’agissait d’achats d’armements ultra-sophistiqués mais complètement inutiles dans la guerre dite asymétrique ; il a revu et redéployé le programme spatial de la NASA, en renonçant notamment à un nouveau voyage sur la Lune. Les astronautes, les dirigeants de la NASA, beaucoup de pays étrangers regrettent les choix d’Obama, en particulier parce qu’il réduit la coopération avec d’autres puissances spatiales. Il était pourtant évident que cet homme-là pense que l’Amérique n’a besoin de personne pour accomplir de vastes programmes.
Pour Obama, le leadership est servi par le dialogue
Obama irrite les Européens parce qu’il ne leur accorde pas l’importance qu’ils croient mériter. À qui la faute ? Les Américains sont perplexes face à la multiplication des centres de décision dans l’Union. En France, on confond la substance et les manières : Nicolas Sarkozy a été touché par le dîner qu’a organisé le couple Obama dans ses appartements privés de la Maison Blanche. Le président américain a compris l’importance que les Français accordaient aux petits gestes, mais il a du mal à s’habituer à la culture française ou européenne. Pour lui, ce qui compte, c’est ce que les États-Unis et l’UE peuvent faire ensemble.
Un accord avec les Russes.
En attendant, la vie continue. Si la Russie de Poutine n’est qu’une semi-démocratie, Barack Obama n’en a pas moins signé un accord de réduction des armements nucléaires dont on a trop vite fait de dire en France qu’il n’a pas grande importance. C’est faux. La politique nucléaire d’Obama progresse : l’Ukraine vient de décider de se débarrasser de toutes ses réserves de combustible atomique et ce sont les Américains qui feront le travail, comme ils l’ont déjà fait avec d’autres pays issus de l’ex-URSS. Les Russes sont toujours inquiets du projet d’Obama d’installer en Europe un système de défense antimissiles, ils ont quand même signé le traité START 2, qui réduira le nombre d’ogives de 30 % en Russie et aux États-Unis. Certes, il reste encore beaucoup d’armements stratégiques et certes, ils sont capables de détruire la planète trois ou quatre fois. Mais Obama a accompli une tâche que son prédécesseur avait laissée de côté.
On doit enfin reconnaître sa constance à M. Obama. Dans ses idées, puis dans sa gestion, l’élément idéaliste est très présent. On s’en moque en Europe parce que l’on confond idéalisme et naïveté. On s’inquiète aussi de ce que la réduction du nombre d’ogives nucléaires finisse par concerner la France, qui n’en a que 300. Le président américain rétorque que le danger nucléaire reste immense, que des armes atomiques ou du combustible nucléaire peuvent tomber entre les mains des terroristes et que, pour assurer la sécurité du monde, la dissuasion n’est pas indispensable. Bien sûr, la route de la dénucléarisation est longue. Ce qui n’est pas, selon Obama, une raison de ne pas commencer le voyage.
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