M. MAILLY ne veut pas que les actifs cotisent plus de 40 ans ; il ne veut pas que l’âge du départ à la retraite, fixé pour le moment, à 60 ans, soit changé ; il rejette un calendrier qui aboutirait à une loi à la fin de l’année. Le président de la République ne peut pas espérer une avancée avec la CFDT de François Chérèque, qui refuse de perdre des milliers d’adhérents au nom du bon sens. Il souhaite s’entendre avec la CGT qui, à l’heure actuelle soutient à la SNCF une grève dure, comme pour se donner assez de crédibilité pour faire des concessions ailleurs. En tout cas, Éric Wrth, nouveau ministre du Travail et nommé à ce poste pour entreprendre la grande réforme de cette année, va se heurter à une résistance impénétrable.
Cent milliards de déficit en 2050.
Il ne faut pas s’y tromper. Tout le monde sait, y compris les syndicats les plus intransigeants, que la réforme est indispensable, que la démographie française et l’insuffisance de la croissance exigent une prolongation des carrières dans un pays qui gagne un mois d’espérance de vie tous les trois mois. Tout le monde sait que, si on laisse les choses en l’état, le régime des retraites de la Sécurité sociale accusera dans 40 ans un déficit de 100 milliards d’euros (sans compter le déficit des régimes complémentaires, même s’ils sont financés différemment). Les entretiens entre les syndicats et le gouvernement seront donc un théâtre d’ombres peuplé de répliques insincères.
UNE RÉFORME NE SERAIT PAS PLUS INJUSTE QUE LE SYSTÈME ACTUEL
Le but du gouvernement est d’équilibrer les comptes un jour ; celui des syndicats, c’est de défendre des acquis sociaux quoi qu’il en coûte. L’idée des Français, souvent fâchés avec les chiffres, c’est qu’il suffit de prendre les 100 milliards qui manqueront en 2050 dans la poche de ceux qui possèdent cet argent, les nantis d’abord, les entreprises ensuite. On augmenterait donc la part patronale des cotisations.
Le problème est tout entier contenu dans le système. Ou bien on admet que la France a adopté une fois pour toutes l’économie de marché. Ou bien on estime que la cupidité et l’irresponsabilité des acteurs de la finance privée ont démontré sans appel que l’on ne peut plus faire confiance au marché et qu’une vraie réforme passerait par un néo-dirigisme à forte connotation socialiste. Dans l’opposition, les dirigeants du PS sont perplexes. Ils savent qu’une resocialisation de l’économie constituerait une tâche insurmontable et complètement anachronique. Elle isolerait la France, qui perdrait ses atouts dans la bataille de la mondialisation. En déchirant le tissu économique, elle ferait perdre d’énormes recettes en attendant le jour lointain où le nouveau système serait capable de produire de la richesse. Existe-t-il un seul homme ou une seule femme en France, même au NPA, qui serait capable d’accomplir ce tour de force ? C’est bien improbable. Et une réforme ardue des retraites ne serait-elle pas en définitive plus viable que le choix du marxisme, largement condamné par l’histoire ?
Tout est injuste.
C’est bel et bien sur ce choix, entre un idéal égalitaire inaccessible et une sobriété économique qui nous conduirait enfin à ne plus vivre au-dessus de nos moyens, qu’impliquent les réformes, celle des retraites et les autres, l’assurance-maladie par exemple. Or même les systèmes les plus soucieux d’égalité sont injustes. Aujourd’hui en France, on n’est pas vraiment couvert contre les risques de la maladie si on n’a pas une très bonne mutuelle. Il faut avoir les moyens de la payer. De la même manière, qui a dit que tous les retaités étaient logés à la même enseigne ? Ils ne le sont pas au sein de la retraite de base dont les versements mensuels dépendant des années cotisées, du nombre d’enfants du bénéficiaire, de l’âge de départ à la retraite (le gouvernement Raffarin a établi des bonus pour ceux qui partent après 65 ans). Ils le sont encore moins avec les retraites complémentaires dont les bénéficiaires sont ceux qui touchent un salaire supérieur au plafond de la retraite. Ces régimes-là, qui ne sont pas non plus équilibrés, ponctionnent des cotisations élevées qu’il n’est possible de payer que si on a des revenus élevés. Ce système, axé sur ce que le bénéficiaire a payé pendant toute sa vie -c’est donc une forme d’épargne-, augmente considérablement les inégalités entre retraités. C’est pourquoi les Français tiennent deux langages : ils plaignent les petits vieux qui vivent ave la moitié du SMIC, et ils se plaignent des seniors qui habitent des villas au bord de l’eau et ne font rien.
Qu’est-ce que cela signifie ? D’abord qu’un système strictement égalitaire est illusoire. Ensuite que la différence entre riches et pauvres, c’est souvent une question de chance, de talent, d’études, de milieu. C’est très injuste. Mais il suffit qu’un citoyen gagne quelques euros de plus que le voisin pour que le second réclame la même chose et que le premier la lui refuse.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque