« Il n’y a aucun moyen se savoir combien de GPA sont réalisées aujourd’hui en Inde. C’est une véritable zone d’ombre », constate l’obstétricienne danoise Birgitte Bruun Nielsen, qui effectue des recherches sur le sujet. Les cliniques dites « de la fertilité », qui pratiquent entre autre la GPA, seraient actuellement au nombre de 3 000 dans le pays. Et, chaque année de nouvelles ouvrent leurs portes.
Un temps d’attente plus court et un faible coût sont les clés de ce succès. Les cliniques n’ont pas de difficulté à trouver des femmes prêtes à être mères porteuses pour sortir leur famille de la pauvreté. Pour une grossesse, elles touchent de 3 000 à 4 000 euros. Soit un quart de ce que les parents commanditaires déboursent, le reste revenant à la clinique, aux médecins et aux donneurs de gamètes le cas échéant. Une GPA coûte en Inde autour de 12 500 euros, contre 75 000 aux États-Unis.
Des Indiens en majorité
D’après des études de terrain, les parents commanditaires sont en majorité des Indiens. Parmi eux beaucoup sont d’origine indienne mais résident hors du pays. Les autres sont des étrangers venant principalement des États-Unis et d’Europe, mais aussi du Golfe et d’autres pays asiatiques, comme le Japon.
Birgitte Bruun Nielsen remarque qu’en général plusieurs embryons sont implantés. Le Conseil indien de Recherche médicale conseille de se limiter à trois. Mais ce nombre est souvent dépassé et jusqu’à six embryons peuvent être transférés d’un coup, multipliant les risques de pré-éclampsie et de diabète gestationnel.
La césarienne est massivement pratiquée lors de l’accouchement. « Les mères porteuses sont en général des femmes en bonne santé, des travailleuses, qui ont déjà donné naissance par voie basse sans problème. Mais lors d’une GPA, les parents commanditaires veulent être là le jour de la naissance, on planifie donc l’accouchement en fonction des billets d’avion. Et comme il ne doit y avoir aucun problème avec le bébé, les médecins optent pour des césariennes », explique l’obstétricienne danoise.
Enfermement forcé
Quant aux soins post-partum, ils lui semblent inexistants. « Les femmes retournent chez elles dès qu’elles le peuvent après avoir reçu l’argent qui leur est dû. Les cliniques ne gardent pas de contact. »
Dans l’État du Gujarat, la clinique du Dr Patel est connue pour sa maison des mères porteuses. Ces dernières y séjournent du début à la fin de la grossesse, surveillées par des soignants. Sauf cas exceptionnel, elles ne peuvent se rendre chez elles. Cet enfermement forcé est pour le Dr Patel le meilleur moyen de s’assurer de la santé de la mère et du fœtus. Après plus de 700 GPA, cette gynécologue fait figure de grande spécialiste : les règles de conduite qu’elle s’est fixées ont été reprises par le Conseil indien de Recherche médicale.
L’image de la GPA en Inde s’arrête souvent à cette clinique médiatique, surnommée « l’usine à bébés ». Mais dans une situation de vide législatif, les médecins sont libres de fixer leurs propres règles. « Aujourd’hui toute femme quel que soit son âge, le nombre d’enfants qu’elle a eus, peut être une mère porteuse. Il n’y a aucune sécurité », commente le Dr R.S. Sharma en charge de la reproduction médicalement assistée au sein du Conseil indien de Recherche Médicale. Les mères porteuses ne bénéficient d’aucune assurance.
Suivi médical précaire
Dans la plupart des cas, elles restent chez elles, notamment pour s’occuper de leurs propres enfants dans des conditions de vie difficiles. Leur suivi médical reste précaire. Des cas de décès sont rapportés par les médias.
Certaines cliniques qui ne pratiquent que quelques GPA par an en maîtrisent mal la technique. Des mélanges d’embryons ont ainsi été relevés à Hyderabad, une ville du Sud de l’Inde.
Devant ce grand bazar de la gestation, un projet de loi a été rédigé, mais traîne depuis plusieurs années dans les couloirs du Parlement. Il prévoit entre autre de contrôler l’âge des mères porteuses et réserve la GPA aux couples ne pouvant avoir d’enfant naturellement.
En attendant un vote que personne ne voit venir, le ministère de l’Intérieur indien tente d’encadrer la GPA. Il l’a récemment restreinte aux couples hétérosexuels et un visa médical est désormais obligatoire pour les parents commanditaires étrangers. Mais il est encore trop tôt pour savoir si ces règles sont respectées.
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