Clermont-de-l’Oise (60)
Dr Nicole Batlaj
Les événements récents sont un nœud de douleurs juives ou non.
Le cas de Mohamed Merah, grand malade mental dangereux, a suscité un déploiement de force, une surinformation médiatique.
Le suspense est maintenu, « un homme va mourir », ça se regarde en direct.
Cette chronique d’une mort annoncée est proposée en temps réel. Supplice en direct, de quoi satisfaire un sentiment malade de la curiosité. Réveiller la pulsion de mort qui sommeille en chacun de nous.
Exciter la jubilation secrète et honteuse d’assister à cette longue agonie.
C’est notre barbarie qu’on invite, étrangère à la souffrance des victimes et à la justice, à toute victoire prétendue.
Santé et conflits d’intérêts : M. le (futur ?) président de la République...
La Réunion
Dr Philippe de Chazournes
Monsieur le président, la venue du chef de l’État à l’île de la Réunion représente toujours un événement majeur pour notre île, une île chargée d’histoire et imprégnée de révoltes, qui par son métissage aussi bien au niveau de sa population que de ses savoirs ou de ses idées, a fait avancer la France notamment en matière de santé via ses nombreux réseaux de soins, ses innovations et ses propositions.
Votre venue constitue pour vous (et pour nous) un engagement majeur sur ce que vous nous proposez pour les cinq prochaines années. Votre mandature a été concomitante d’un certain nombre de scandales sanitaires : grippe H1N1, Mediator, et maintenant médicaments anti-Alzheimer et vaccin Gardasil (pour lequel la plus grande prudence vient d’être affirmée par la commission d’experts de l’Assemblée Nationale avec une balance bénéfice/risque défavorable). Tout cela n’aurait pas été possible sans l’acharnement d’un certain nombre de lanceurs ou relayeurs d’alertes qui ont pu s’exprimer aussi bien au Sénat qu’à l’Assemblée Nationale (www.medocean.re/).
Le point commun de toutes ces « affaires » est l’intrusion de « conflits d’intérêts majeurs » dans les décisions publiques, monnayées et relayées par certains leaders d’opinion bien peu scrupuleux du bien commun. Ainsi, Il y a 3 ans environ, votre ministre de la Santé d’alors, était venue chez nous en pleine épidémie de grippe H1N1 et en était repartie, alors que la Métropole n’était pas encore atteinte, sans aucunement tenir compte de nos préconisations : absence de gravité, nul besoin de vaccinations de masse, inutilité de fermeture des écoles etc. Cette absence de prise en compte des acteurs de terrain, a entraîné une gabegie financière, et une crise de confiance sans précédent envers nos autorités de tutelles et nos décideurs politiques, parfois bien proches de l’industrie pharmaceutique…
Notre ministre de la Santé actuel a pris depuis un certain nombre de décisions pour une plus grande transparence et indépendance de nos institutions sanitaires en veillant (et limitant ?) les conflits d’intérêts des experts consultés afin que de tels scandales sanitaires ne se renouvellent plus. Malheureusement, la majorité parlementaire actuelle, au travers de sa « non reforme » du médicament, a montré que les actes étaient loin de suivre les promesses ministérielles… À quand une « prime à la performance » pour nos ministres et parlementaires ? Ou plutôt l’inverse !
La pression de l’industrie pharmaceutique au plus au niveau de l’État aboutit un peu plus tous les jours à la chute d’un système de santé solidaire et à la portée de tous et risque de rendre caduque toutes les bonnes intentions ministérielles. Limiter les conflits d’intérêts des décideurs et de certains leaders d’opinion, c’est assainir les finances de la Sécurité sociale.
En tant que candidat, pourriez-vous répondre, sans langue de bois SVP, à cette question : êtes-vous prêt à favoriser la mise en place, selon un cahier des charges précis, d’un groupe « d’experts » de professionnels de terrain (ville et hôpital), indépendants aussi bien de l’État que de l’industrie pharmaceutique, et dont le rôle serait de juger in fine du bien fondé de certaines préconisations ou recommandations de nos organismes de tutelle en matière de Santé ?
Nota bene : Messieurs Hollande et autres candidats, quelle serait votre réponse à cette question ?
Bon usage du médicament : une lettre au DGS
Anneyron (26)
Dr Denis Roy
Monsieur le Directeur général, cher confrère,
Je reçois ce jour de votre part, un courrier relatif à la campagne nationale d’information et de sensibilisation au bon usage du médicament, dans lequel vous me rappelez mon rôle essentiel dans la prescription de produits pharmaceutiques.
Je dois vous avouer que votre affiche à exposer dans ma salle d’attente ne changera strictement rien aux problèmes que vous évoquez, à savoir la banalisation du médicament et l’auto-prescription.
En effet, je ne maîtrise plus rien dans cette filière :
- le pharmacien peut substituer sans m’en avertir ma prescription, par des médicaments génériques qui, comme l’a rappelé l’Académie de Médecine dans son rapport de février 2012, ne sont pas identiques, tant par la bio équivalence, que par les effets imputables aux différents excipients,
- le patient trouve en vente libre, bien exposés dans les officines, de nombreux produits qui ne sont plus sur ordonnance médicale, tels que les anti-inflammatoires, les IPP (dont l’assurance-maladie nous recommande depuis très longtemps de diminuer la délivrance), les anti-viraux, anti-histaminiques etc.
En revanche, quelques produits sont désormais soumis à des contraintes de prescription et de délivrance, notamment une prescription initiale hospitalière qui fait de moi le scribe de mes confrères hospitaliers, à défaut d’être un valeureux collègue dans les périodes d’épidémie comme l’a répété une fois de plus le docteur Pelloux.
Par quel moyen puis-je donc empêcher les surdosages, les interactions et les accidents thérapeutiques qui surviendraient lors de mélanges effectués sans ma connaissance ?
Si vous voulez que le médecin généraliste soit de nouveau un élément décisionnaire dans la conduite thérapeutique de ses patients, il faut plutôt :
- interdire la publicité dans les médias grand public,
- reconsidérer la vente libre de médicaments qui étaient jusqu’alors sur ordonnance,
- imposer le respect de celle-ci sans que nous soyons stigmatisés en refusant la substitution (l’apprentissage de la thérapeutique est un module conséquent, et la parfaite connaissance des spécialités que je prescris est un travail de précision ; la commercialisation de génériques ajoutant encore des informations différentes à appréhender, à éventuellement relier ou non au médicament, perturbe évidemment la consultation, sans compter le manque de respect du travail fait en amont pour maîtriser le mieux possible les spécialités que je prescris).
Ceci valorisera nettement mieux notre travail aux yeux du public, plutôt qu’une affiche fut-elle sur papier glacé.
J’ai le sentiment que tout est fait pour désavouer notre travail et que toute la filière nous rend responsable de l’augmentation des coûts de la santé en France.
Les jeunes internes ne s’y trompent pas.
Je vous prie d’accepter, Monsieur le Directeur général, cher confrère, l’expression de mes salutations respectueuses.
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