FIDÈLE À LUI-MÊME, le président de la République semble estimer qu’il doit durcir encore, si c’est possible, sa politique de sécurité. Il a convaincu les conducteurs de bus de Tremblay, victimes de caillassages et de cocktails Molotov, de reprendre le travail. Cependant, quand les maires des cités demandent plus de policiers et font valoir qu’il y en a moins dans des quartiers dangereux que dans de tranquilles arrondissements de Paris, M. Sarkozy ne se résout pas à leur promettre plus d’effectifs. Question de gros sous. Il n’est pas indifférent que les maires soient souvent à gauche et le pouvoir à droite et qu’un recrutement massif d’agents de police serait en contradiction avec la politique du gouvernement de réduire le nombre de fonctionnaires. Il n’empêche que les zones de non-droit, l’arrogance des délinquants, la violence répétitive de leur comportement exige, plus que ces paroles martiales que le président prononce depuis plusieurs années sans résultat probant, des mesures exceptionnelles, comme la saturation d’un certain nombre de cités par une présence constante de la police.
C’EST DE SON PROPRE CAMP QUE M. SARKOZY PEUT CRAINDRE LES PIRES DÉBOIRES
Fin de règne ?
La gauche fait feu de tout bois qui ne renierait pas notre analyse. Elle critique l’entêtement du président, elle s’insurge déjà contre le timing de la réforme des retraites et reprend à son compte le ni-ni des syndicats : ni prolongation des carrières ni ajournement de l’âge de la retraite. Elle ne dit pas pour autant comment elle financerait sa générosité envers les actifs et envers les retraités, dont il n’est pas question de diminuer les pensions. Elle présente la taxation des « riches » comme une source de financement crédible. D’autant qu’elle se fait fort de nettoyer les écuries d’Augias et de combiner, une fois au pouvoir, la réduction des déficits et de la dette avec une politique sociale forcément coûteuse.
Il ne faut pas être devin pour humer l’air du temps et déceler, déjà, une atmosphère de fin de règne. Les élections générales n’ont lieu que dans deux ans, mais l’opposition, par un raccourci surprenant, se voit majorité. Il est indubitable que la chronologie des événements de ces six derniers mois n’a pratiquement apporté aucun succès au pouvoir. C’est de son propre camp que M. Sarkozy doit craindre les pires avanies. La multiplicité des candidatures, affirmées ou déguisées, au sein de la droite, est édifiante. L’UMP a désormais le choix entre M. Sarkozy, M. de Villepin, M. Juppé, M. Copé ; et le Nouveau Centre semble souhaiter qu’Hervé Morin, actuellement ministre de la Défense, se présente en 2012. Édouard Balladur estime qu’en repoussant à 2011 l’annonce de sa candidature à un second mandat, M. Sarkozy laisse se libérer des aspirations jusqu’à présent contenues par la notion de « candidature naturelle ». L’expression est d’Alain Juppé, qui ne se présentera pas si M. Sarkozy se représente. C’est un cercle vicieux car, en exprimant ses intentions, fussent-elles modestes, l’ancien Premier ministre, comme son collègue Dominique de Villepin, offre une alternative à l’électorat de droite et contribue de la sorte à l’affaiblissement du chef de l’État. Lequel a peut-être tort de s’enfermer dans un discours inchangé depuis au moins cinq ans, sous le prétexte qu’il lui a été profitable il y a trois ans. Les temps changent. Et l’opinion veut autre chose.
Veut-elle l’alternance, différée depuis longtemps ? Martine Aubry doit d’abord nous présenter un programme convaincant, celui qui, résolvant la quadrature du cercle, allègerait les souffrances des pauvres et de la classe moyenne sans ruiner la France davantage. Elle doit aussi mettre au point le système des primaires et elle éprouvera de sérieuses difficultés dans cette tâche. Car les primaires n’ont jamais existé en France. Il lui faut, cette fois, mettre au point une procédure électorale aussi impeccable que la procédure officielle ; il lui faut des bureaux de vote, des assesseurs, des tracts, tout l’attirail d’une campagne. Il lui faut décider s’il n’y a de primaires que pour les socialistes ou si elles doivent être élargies aux Verts et au reste de la gauche (pour autant que Mme Buffet et M. Mélenchon y consentent). Il lui faut pratiquement créer le droit en la matière, par exemple en ce qui concerne la sélection des candidats. À vue de nez, on en compte déjà une bonne douzaine rien que pour le PS. Il faudra bien en réduire le nombre.
Quant aux Verts et à Europe-Écologie, ils viennent de nous donner le spectacle ahurissant de personnages qui font à peu près tout pour réduire à néant leur propre succès. Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit se livrent à une valse incompréhensible. Si Dany-le-Rouge est devenu depuis longtemps raisonnable, on constate que le discours de Mme Duflot, hautement intellectuel, n’a qu’un rapport lointain avec le désir de vaincre. La seule force qu’il reste à Sarkozy, c’est une gauche décidément très compliquée.
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