PUBLICITÉ, mode, produits de consommation, l’hypersexualisation est présente partout dans notre société et elle touche également les enfants. Roselyne Bachelot-Narquin avait demandé en novembre dernier que soit réalisé un rapport sur ce phénomène de société. Il a été remis en début de semaine par Chantal Jouanno. Il identifie les dangers et les conséquences de ce courant sur les enfants. « L’hypersexualisation des petites filles ne veut pas dire qu’elles ont une sexualité active », précise la sénatrice, à l’origine du rapport. L’hypersexualisation des enfants « renvoie à la sexualisation de leurs expressions, postures ou codes vestimentaires, jugés trop précoces », définit le rapport.
Une autre conséquence de ce phénomène est un retour fort des stéréotypes garçon/fille dès le plus jeune âge. « Les filles sont cantonnées à un rôle basé sur l’apparence et les garçons à un rôle basé sur la virilité », poursuit Chantal Jouanno. « Ce phénomène est à la croisée de la protection des enfants et de l’égalité des sexes », précise-t-elle. La sénatrice rappelle toutefois qu’il y a un consensus de la société pour condamner ce courant. « Nous sommes en amont d’un phénomène massif d’hypersexualisation », précise-t-elle.
Conduites à risque.
Les concours de mini-miss ainsi que le concept de pré-adolescents sont montrés du doigt. « Ce concept n’a aucune réalité mais il ouvre un nouveau marché », note Chantal Jouanno. Le document précise que l’hypersexualisation ne touche pas que les petites filles et qu’il faut se préoccuper également de l’impact sur les garçons. La sénatrice souligne que les enjeux de ce phénomène sont à la fois individuels et collectifs. Individuels car il touche à la construction de l’enfant et peut participer au développement de conduites à risques, comme l’anorexie mentale pré-pubère. Elle rappelle également un chiffre inquiétant, 37 % des jeunes filles de 11 ans sont à la diète. L’enjeu est donc aussi collectif : « l’hypersexualisation véhicule le stéréotype de la femme/fille passive, définie par son apparence et animée par sa sexualité », explique-t-elle.
Le rapport formule plusieurs propositions. « La réponse à une question de société ne peut relever de la seule loi », note la sénatrice. Elle précise que le droit français comprend déjà des normes pour prévenir l’hypersexualisation, comme le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, le respect de la dignité de la personne humaine ou encore l’interdiction d’atteintes aux bonnes mœurs. Pour mettre en œuvre ces principes et éclairer les pouvoirs publics et le juge, elle souhaite que soit créée une charte de l’enfant.
Le rapport propose également de légiférer pour que les enfants de moins de 16 ans ne puissent pas être les égéries de marques. Il demande aussi que soit interdite l’organisation des concours de beauté pour les enfants de moins de 16 ou 18 ans. « Je suis favorable à l’interdiction de ce type de concours avant 16 ans », a affirmé Roselyne Bachelot-Narquin lors de la remise du rapport.
Une mission d’observation.
Le rapport souligne la nécessité d’en savoir plus sur ce phénomène. Il préconise notamment la mise en place d’une mission d’observation quinquénnale, menée par l’Observatoire national de l’enfance en danger, (ONED). L’information des parents et des professionnels de l’enfance et l’éducation font l’objet d’autres propositions. « Le site info-famille.gouv.fr qui vient d’ouvrir est destiné aux parents et comprend un dossier sur ce phénomène. Il pourra être enrichi aux regards des questionnements qui se feront jour », a expliqué la ministre.
Enfin le rapport propose de responsabiliser les acteurs économiques. Pour cela il préconise la création d’une charte d’engagement des acteurs économiques contre l’hypersexualisation. Une charte qui serait doublée d’un système de réclamation des parents sur internet.
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