TOUS LES VAINQUEURS du Tour, depuis 1947, ont été confrontés à des contrôles positifs, des aveux ou des témoignages à charge. Le constat est dressé dans son dernier livre* par le Dr Jean-Pierre de Mondenard, qui ne reconnaît dans la liste des 33 champions concernés qu’une seule exception, en la personne de l’Américain Greg LeMond, triple vainqueur de la Grande Boucle. Avec le même palmarès, le favori du Tour 2011, n’échappe pas, en revanche, à la suspicion générale. « Je ne me suis jamais dopé, je suis un exemple de propreté », a déclaré en janvier dernier, à l’AFP, le maître des cols et des courses à étapes. Mais s’il a subi au cours de sa carrière près de 500 contrôles tous négatifs, il a été contrôlé positif aux anabolisants, le 21 juillet dernier, à l’étape de Pau du TDF. Du clenbutérol a été décelé dans ses urines à un taux de 50 picog/ml. Selon le champion, il s’agit d’une contamination involontaire lors d’une consommation de viande. Suspendu provisoirement le 30 septembre par l’UCI (Union cycliste internationale), blanchi par la Fédération royale espagnole en février, le Castillan reste dans l’attente d’une décision du TAS après l’appel interjeté par l’UCI. Le clenbutérol est un bronchodilatateur qui améliore les facultés respiratoires, c’est aussi un anabolisant qui favorise l’accroissement de la masse musculaire. Cependant, membre du comité scientifique pour le passerport sanguin de l’UCI, le Dr Michel Audran souligne que « 50 picos par ml, ce n’est rien, c’est 500 à 1 000 fois moins que les doses trouvées en cas de dopage. Pour moi, cela ne peut être intentionnel et correspond à un cas de contamination. » La directrice du laboratoire antidopage de l’INRS au Canada, Christiane Ayotte, ajoute que la possibilité d’une contamination par la viande est possible et qu’elle est documentée. Et compte tenu du fait que la veille de ce contrôle, Contador avait été contrôlé négatif à cette substance, le Dr de Mondernard, réputé pour son intransigeance, incline lui-même à penser que le coureur espagnol « n’a pas volontairement consommé du clenbutérol pour accroître ses performances respiratoires ».
Des phtalates.
Si sa défense semble crédible, d’autres résultats ne plaident pas en faveur de son innocence. Des phtalates (traces de résidus plastiques) sont en effet apparues dans ses urines à un taux huit fois supérieur à la norme, lors d’un contrôle effectué le 20 juillet. Elles pourraient provenir des poches de sang en plastique qui sont utilisées pour une transfusion sanguine autologue. Cette méthode pourrait être largement utilisée par les coureurs, n’étant pas officiellement décelable. De fait, la présence de phtalates ne constituant pas, à ce jour, une technique de détection validée, elle ne saurait qu’alimenter les suspicions, des suspicions qui, dans le contexte actuel, semblent légitimes, selon le Dr de Mondenard : « La sommation des faits démontre l’impossibilité de se réfugier derrière le concept de présomption d’innocence, alibi commode brandi par les défenseurs du statu quo. Au nom d’un légalisme prompt à fermer les yeux sur des pratiques dopantes qui constituent la norme, et non l’exception, à toutes les époques. »
Dans son livre, renversant la charge de la preuve, le spécialiste a recoupé quatre types d’informations : témoignages, aveux, défense des intéressés et tests positifs ou carence. Fort de ces éléments, il récuse l’argument, maintes fois servi par l’Américain Lance Armstrong, « pas vu, pas pris ». La multitude des preuves testimoniales et matérielles qu’il a réunies sur la quasi-totalité des vainqueurs du Tour produit un historique aussi documenté qu’accablant de l’évolution du dopage. Le médecin en arrive, au terme de son enquête, à mettre en cause les dispositifs de contrôle antidopage, avec leurs carences qui labellisent « propres » des sportifs dopés : « La lutte andiopage crédibilise les coureurs dopés, mais n’est d’aucune aide pour les coureurs propres. »
* « Tour de France, 33 vainqueurs face au dopage entre 1947et 2010 », Hugo & Cie, 310 p., 17,50 euros.
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