Traitement anti-ostéoporotique

Un outil pour prédire l’observance

Publié le 07/04/2011
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Crédit photo : BSIP/IMANE

L’OBSERVANCE thérapeutique dans l’ostéoporose est médiocre. De manière générale, un an après l’initiation d’un traitement anti-ostéoporotique, une femme sur deux l’a interrompu ! Un certain nombre d’études montrent que l’utilisation de formes hebdomadaires des bisphosphonates comparativement aux formes journalières améliore l’observance d’environ 10 %. Des études de cohorte montrent que, lorsque l’observance pour les bisphosphonates n’est pas correcte, leur efficacité est moindre en termes de gain densitométrique, de réduction des marqueurs du remodelage osseux et qu’elle s’accompagne d’une augmentation de l’incidence fracturaire : un différentiel de 20 à 25 % sur les fractures est observé entre les femmes adhérentes ou persistantes au traitement par rapport à celles qui ne le sont pas.

Des études ont montré qu’un suivi systématique des patientes avec les marqueurs du remodelage osseux n’était pas très utile pour améliorer l’observance. Quelques études montrent que l’amélioration de l’observance reste faible, malgré la réalisation régulière de densitométries osseuses. Les meilleurs résultats sont obtenus lorsque les patientes sont revues tous les trois mois en consultation de médecine générale ou de rhumatologie ou lorsqu’une infirmière dédiée à l’éducation thérapeutique explique à la patiente ce qu’est l’ostéoporose, les raisons de la mise en place d’un traitement et les bénéfices attendus.

Profil d’une patiente observante ou non observante.

Avoir une ostéoporose avec des fractures entraîne une meilleure observance qu’avoir une ostéoporose sans fracture ! La patiente est alors convaincue de l’intérêt du traitement pour éviter la récidive. Plus la patiente estime le médecin compétent, plus elle accepte le traitement préconisé et meilleure est son observance. Enfin, une patiente d’un milieu socio-économique défavorisé est moins observante. En 2010, une étude de cohorte nord-américaine (Solomon H et al.) a essayé de prédire chez des femmes ostéoporotiques, celles qui seraient non observantes, à partir des réponses à un questionnaire. Les résultats montrent que plusieurs facteurs favorisent la non observance : avoir été déjà non observante pour une autre maladie chronique, une consommation importante de boissons alcoolisées, la peur des effets indésirables des médicaments, un nombre élevé de médicaments, la méconnaissance de l’ostéoporose, l’absence de lien entre ostéoporose et fragilité osseuse et l’idée que les médicaments ne permettent pas de rester actif.

Le questionnaire ADEOS.

Le questionnaire ADEOS (ADhésion Et OStéoporose) a été mis au point par une équipe de rhumatologues, avec le soutien institutionnel des laboratoires GlaxoSmithKline et Roche. Jusqu’à présent, il n’existait pas d’outil simple, à l’échelon individuel, pour évaluer l’observance thérapeutique des patientes ostéoporotiques. La première étape a consisté à interroger des patientes afin d’évaluer leur ressenti vis-à-vis de la maladie dans leur vie quotidienne. Cette étape a abouti à la création d’un questionnaire comportant 45 questions et d’un indice d’adhésion ADEOS. Après une évaluation auprès des médecins en termes de faisabilité, il s’est avéré que le nombre d’items était trop élevé. La seconde étape a donc consisté à trouver une procédure pour le réduire le nombre de questions entre 10 et 20. Cette étape a pu être obtenue en prenant comme référence l’échelle Morisky Medication Adherence Scale (MMAS), qui permet d’évaluer l’adhésion des patients à leur traitement dans les maladies chroniques, avec quatre niveaux de réponses. Lorsque le score MMAS ≥ 4, la patiente est observante ; lorsqu’il est < 4, la patiente est non-observante. L’indice d’adhésion ADEOS et le score MMAS ont alors été évalués sur une cohorte de plusieurs centaines de patientes. Les analyses statistiques ont permis d’aboutir à 12 items, plus compatibles avec une utilisation en pratique quotidienne. Par exemple : « En cas d’imprévu, vous arrive-t-il de sauter une prise de votre médicament ? » etc. Enfin, la dernière étape a consisté à suivre des patientes au sein d’une cohorte de femmes ostéoporotiques traitées. Le questionnaire leur était remis à l’instauration du traitement et 9 mois plus tard. En fonction de l’indice ADEOS, on a regardé dans quelle mesure on pouvait prédire l’adhérence ou non au traitement. Trois seuils ont été déterminés, permettant de définir les patientes « super-adhérentes » (indice › 20), les patientes intermédiaires (indice = 17-19) et les patientes ayant une adhérence médiocre (indice < 16). Il a été démontré que, sur l’ensemble des femmes traitées, les patientes qui avaient au départ un indice < 16 avaient une probabilité 70 % plus élevée d’interrompre leur traitement que celles qui avaient au départ un indice › 20. Enfin, parmi celles dont le traitement avait été initié l’année précédente, les résultats étaient meilleurs : celles dont l’indice était < 16 au départ avaient une probabilité d’interrompre leur traitement multiplié par 2 par rapport à celles dont l’indice était › 20.

* D’après un entretien avec le Pr Bernard Cortet (Service de Rhumatologie, CHU Lille), Secrétaire Général du Groupe de Recherche et d’Information sur les Ostéoporoses (GRIO).

 Dr MATHILDE FERRY
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Source : Bilan spécialistes