Fibromyalgie, syndrome de fatigue chronique, hypersensibilité chimique multiple, électrohypersensibilité… Les maladies environnementales émergentes ou « M2E » sont encore trop souvent synonymes d’impasse thérapeutique, aussi bien pour les patients que les médecins.
« Ce ne sont pas en soit des pathologies rares mais leurs modalités de prise en charge se rapprochent des maladies orphelines, avec le plus souvent une méconnaissance de la part des praticiens et une nécessité d’avoir des examens très spécialisés », résume le Dr Jérome Authier, neurologue et responsable du Centre de références des maladies neuromusculaires à l’Hôpital Henri Mondor. Parmi ces patients, le Dr Authier gère notamment des cas de syndrome de fatigue chronique, « une maladie fréquente, invalidante, méconnue notamment du corps médical », résume-t-il.
« S’il y a des facteurs de prédisposition génétique ou familiaux très importants, il faut toutefois être exposé à un facteur déclenchant, à une infection à un toxique environnemental, à une vaccination, à un traumatisme physique ou émotionnel », souligne le neurologue. Selon les études, la prévalence de ce syndrome est estimée entre 0,4 à 2 %, « mais l’épidémiologie en France est totalement défaillante à ce sujet », relève-t-il. Pour le Dr Philippe Tournesac, responsable de l’association pour la recherche sur les troubles neurofonctionnels et du DU Pathologies neurofonctionnelles à l’Université de Bourgogne, la prise en charge inappropriée de ces pathologies environnementales émergentes relève souvent de la « non-assistance à personne en souffrance ». C’est particulièrement le cas selon lui des patients atteints d’hypersensibilité chimique multiple. Autour d’un million de personnes seraient concernées à des degrés divers. « Certains peuvent par exemple continuer à travailler en ayant un environnement aménagé tandis que d’autres restent complètement cloîtrés chez eux. Cela pose un problème de santé publique car comment évaluer et soigner des patients que l’on ne voit pas en consultation ? », interroge-t-il.
Electrosmog permanent
Un peu plus médiatisés en marge de la problématique des antennes relais, les électrohypersensibles subissent toutefois la même détresse thérapeutique que les autres « malades environnementaux ». Pour le Dr Beatrice Milbert, médecin généraliste qui a aménagé son cabinet pour les prendre en charge, « ces patients représentent les sentinelles environnementales indiquant clairement que la densité de champs électromagnétiques de notre environnement dépasse les mesures acceptables par le corps humain ». Par ailleurs vice-président du groupe de chercheurs Chronimed, le Dr Milbert estime que la maîtrise de l’hygiène chimique et électromagnétique va constituer l’un de nos grands défis de demain. « 30 millions de molécules chimiques dont on connaît mal la toxicité et un l’electrosmog permanent ont entraîné une baisse de notre système immunitaire induisant la résurgence de maladies infectieuses », évoque-t-elle.
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