Adrien Taquet, secrétaire d'État chargé de la protection de l'enfance a lancé ce matin à Lille une campagne de sensibilisation sur le syndrome du bébé secoué qui s'inscrit dans le programme des 1 000 premiers jours. Une démarche absolument nécessaire (le nombre de bébés diagnostiqués ne baisse pas) mais qui n'aborde pas directement la prévention.
La face visible de la campagne nationale lancée aujourd'hui se compose d'un spot vidéo de 23 secondes dans lequel un babyphone transmet les pleurs d'un bébé et les paroles violentes d'un adulte qui le secoue violemment. Il place ainsi de manière claire le secouement d'un bébé dans le champ de la maltraitance. Et il s'accompagne d'un message fort sur le fait qu'il peut conduire à la mort de l'enfant ou à de graves séquelles. Ce spot est diffusé à partir d'aujourd'hui sur plusieurs sites web et sur les principaux réseaux sociaux. Un kit de communication avec une affiche et des dépliants sont par ailleurs destinés aux professionnels de santé (médecins, pharmaciens…) et aux institutions de santé, afin qu'ils participent à la sensibilisation des parents.
Une maltraitance grave
« Plus de 500 enfants sont diagnostiqués chaque année », a rappelé Adrien Taquet. Dans un cas sur 10 l'enfant décède et dans trois quarts des cas, il aura à vie un handicap moteur, cognitif ou sensoriel… De plus, comme l'a indiqué le secrétaire d'État, l'augmentation des violences intrafamiliales observée depuis le premier confinement de 2020 a conduit à une augmentation des cas de syndrome du bébé secoué : « il y a une tendance qui ne baisse pas », a-t-il déploré.
Selon le Dr Thameur Rakza, pédiatre au CHU de Lille, les chiffres sont probablement « beaucoup plus grands ». Au Québec, un programme de prévention mené depuis 2002 a permis de révéler que 5 % des parents ont déjà secoué leur bébé, a-t-il indiqué. Rapporté à la France, cela correspondrait à 45 000 bébés…
La campagne est essentiellement destinée au grand public. Il s'agit de faire « appréhender les conséquences aux parents de ce type de maltraitance », a expliqué le secrétaire d'État. Mais il faut se rendre sur la page du site du ministère de la Santé dédiée à cette campagne, pour trouver les « bons réflexes » qu'un parent peut adopter quand il ne peut plus supporter les pleurs de son bébé, afin d'éviter les passages à l'acte. Sont précisés également les symptômes d'alerte, les démarches à réaliser en cas d'urgence ainsi que les deux numéros verts non spécifiques (le 119, Allo Enfance en danger, et la ligne « Allo Parents Bébé » au 0 800 00 34 56, du lundi au vendredi de 10 à 13 heures et de 14 à 18 heures).
Et les professionnels de santé ?
La campagne ne vise pas spécifiquement les professionnels de santé. Pourtant, « 25 à 30 % des médecins » ne sont pas sensibilisés à ce problème, a indiqué le Dr Rakza. Le secrétaire d'État a indiqué vouloir « encourager la formation des professionnels de santé à mieux repérer » les signes du syndrome, tant au niveau de la formation initiale, sur tous les types de violences subies par les enfants, qu'au niveau de la formation continue. Selon lui, « les professionnels spécialisés au sein de l'hôpital pourront faire office de ressource pour les professionnels de santé du territoire ». C'est ce qui se passe déjà à Lille depuis le déploiement en septembre 2021, en partenariat avec le CHU Sainte-Justine de Montréal, d'un programme de prévention pionnier auprès des parents et des professionnels.
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