DE NOTRE CORRESPONDANTE
TREIZE ANS après son départ du centre hospitalier toulousain, la douleur du Dr Élisabeth Dès reste vive. Recrutée en 1985 en tant que médecin attachée aux urgences de l’hôpital Purpan, la pneumologue s’était vu retirer ses vacations en novembre 2000. Cet événement a été vécu comme l’épilogue de pressions psychologiques et de harcèlement moral, une souffrance racontée aujourd’hui dans un mémoire, qui est aussi un cri d’alarme sur le mal-être des soignants, pouvant aller jusqu’au suicide. « Mon souhait avec ce témoignage, c’est de libérer la parole des médecins qui peuvent être confrontés comme je l’ai été, à des situations de harcèlement dans leur travail. Aujourd’hui encore, retrouver mes vacations dans cet hôpital, reste mon vœu le plus cher », confie le Dr Dès au « Quotidien ».
Sa propre histoire se joue à la fin des années 90. En 1999, des problèmes de santé et le décès de sa mère l’obligent à s’arrêter de travailler quelque temps : une situation personnelle peu compatible avec le rythme effréné des urgences. « C’est à ce moment-là que les choses ont basculé, assure la pneumologue. Des collègues me conseillent de faire une psychothérapie de soutien et l’on me menace du retrait de mes vacations si je continue à être malade. »
Réorganisation.
À cette époque, les urgences de l’hôpital sont en pleine réorganisation. Objectif ? Optimiser la gestion d’un service qui reçoit jusqu’à 200 patients par jour. Une mission confiée au Pr Dominique Lauque, chef des urgences. Mis en cause 13 ans plus tard dans l’ouvrage, il réfute les accusations de harcèlement moral et tient aujourd’hui à restituer le contexte de l’époque. « Jusqu’alors le service fonctionnait avec une partie dédiée aux urgences médicales et une autre aux urgences chirurgicales. Nous avons fusionné les deux et je souhaitais avoir des médecins urgentistes qualifiés, compétents et polyvalents. Ce n’était pas du tout le cas d’Élisabeth Dès qui était attachée en pneumologie et n’avait suivi aucune formation médicale continue en médecine d’urgence. Elle ne fournissait pas la prestation que j’étais en droit d’attendre de la nouvelle organisation des urgences. Si c’était à refaire, je referais de même », résume-t-il.
De fait, après plusieurs échanges qualifiés de « stériles » par la hiérarchie, d’« intrusifs » par le Dr Dès, celle-ci se voit retirer ses vacations (non-renouvellement de son contrat). Elle décide de saisir la justice en déposant une plainte, restée sans suite. Véritable harcèlement ? Difficultés personnelles ? La procédure n’a jamais démarré.
Suite aux accusations portées dans son livre contre le service des urgences et son responsable, le Dr Dès (qui est soutenue par la CGT dans son combat) a été récemment convoquée par le président du conseil de l’Ordre des médecins de Haute-Garonne, le Dr Jean Thévenot. Pour lui, il n’y a « aucun fait probant de harcèlement ».« Même s’il y a peut-être eu des événements très difficiles à un moment, cela ne justifie pas de partir d’un vécu personnel pour tenir des propos non déontologiques. »
*Le harcèlement au travail, mémoire d’un combat. Éditions « Les points sur les i », 12 euros
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