Addictions : le « sexe fort » paie un lourd tribut aux overdoses

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Publié le 23/10/2020
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Selon le dernier rapportde l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, les hommes restent les principales victimes d’overdose, avec de plus en plus de quadras, voire de quinquagénaires concernés.

Crédit photo : MAURO FERMARIELLO/SPL/PHANIE

En Europe, les victimes d’overdose de drogues restent en majorité des hommes. Dans son rapport annuel publié cet automne et fondé sur les informations transmises en 2020 par les États membres de l’UE, la Turquie et la Norvège, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) indique en effet que « trois quarts de ceux qui meurent d’overdose sont des hommes ».

Un constat sans surprise, à ceci près que l’âge de ces hommes, pour la plupart des usagers de longue durée, avance. « L’âge moyen des personnes décédées à cause de leur usage de drogues a continué à augmenter en Europe » pour atteindre récemment 42 ans et demi, indique l’OEDT. D’après cette instance chargée depuis 25 ans de recueillir et d’analyser les données liées à la consommation de substances illicites sur le continent, le nombre de décès par surdose dans la tranche d’âge des plus de 50 ans aurait par ailleurs augmenté de 75 % entre 2012 et 2018 alors que le taux de mortalité par overdose est resté stable pendant la période.

Une consommation encore essentiellement masculine

Si les overdoses observées parmi les plus âgés pourraient dans certains pays être liées à la consommation d’opioïdes prescrits dans le cadre de traitements de douleurs chroniques, la vulnérabilité importante des hommes aux surdoses est d’abord liée au fait qu’ils « restent les principaux consommateurs de drogues ». Ainsi, près de 60 millions d’hommes européens déclarent avoir déjà utilisé une substance illicite, contre moins de 40 millions d’Européennes. Si, sur le vieux continent, les hommes sont donc plus nombreux que les femmes à recourir à des drogues illicites, « cette différence est souvent accentuée par des modes d’utilisation plus intensifs ou réguliers », souligne l’OEDT : à titre d’exemple, trois quarts des utilisateurs quotidiens de cannabis sont des hommes.

Le poids des stéréotypes

À noter que depuis les années 2000, diverses études ont suggéré que cette consommation régulière et essentiellement masculine de quantités importantes de drogues est moins liée au sexe biologique qu’à des stéréotypes de genre, rappelle la Revue médicale suisse. Autrement dit, compte tenu des déterminants sociaux conduisant le « sexe fort » à adopter des comportements à risque, le fait d’être un homme constitue un facteur de risque de développer des dépendances et de mourir de surdose de drogue. Cependant, les stéréotypes responsables de cette inégalité face aux overdoses pourraient commencer à évoluer, et les jeunes femmes seraient elles aussi susceptibles d’adopter des conduites à risque et de consommer de plus en plus de drogues, suggérait l’OEDT dès 2006. 


Source : Le Généraliste