LE QUOTIDIEN : Comment qualifier cette année 2018 pour les médecins libéraux ?
BECHIR CHEBBAH : Globalement, c’est un assez bon cru pour l’ensemble des professions libérales, à l’exception des métiers liés à l’immobilier dont les revenus ont soit baissé soit stagné l’an dernier.
Concernant les médecins libéraux, il s’agit d’une année contrastée. Si le chiffre d’affaires des généralistes a légèrement progressé, leurs résultats imposables sont en recul contrairement aux années passées. Quand on regarde le détail de leurs charges, on constate que la CSG passe de 3,4 % à 4,5 % du chiffre d’affaires. Cette hausse était totalement déductible, c’est pour cela qu’elle apparaît dans la comptabilité de ces médecins. En contrepartie, il y a une baisse de charges sociales de 15,4 % à 14,7 %. On a gagné 0,7 point de cotisations pendant que la CSG, elle, a progressé de 1,1 point.
Hors médecine générale, la majorité des spécialités sont en progression. Pour la plupart des disciplines, c'est donc une année honorable, même si certains comme les rhumatologues ou les stomatologues mais aussi les médecins acupuncteurs ou homéopathes enregistrent des bénéfices en baisse.
L’UNASA sort aussi un bilan sur 15 ans : sur le moyen terme, comment se comportent les revenus des médecins libéraux ?
Dans l’ensemble, ils évoluent plutôt au-dessus de l’inflation depuis 2004. Ainsi, pour les généralistes, alors que l’indice des prix a augmenté de 19 % sur la période, le chiffre d’affaires a pris 35 % et le résultat 30 %. Dans la même période, l’ophtalmologue a vu son CA progresser de 55 % et son résultat de 37 % ; le pneumologue voit ces deux paramètres évoluer de respectivement 63 % et 54 % ; le cardiologue, de 39 % et 34 %, le chirurgien général de 53 % et 40 %, l’anesthésiste de 48 % et 29 % et le gastroentérologue de 46 et 48 %.
Il y a quelques exceptions : les résultats des pédiatres et des rhumatologues ont évolué moins vite que l’inflation sur les 15 dernières années !
2018 est une « année blanche » sur le plan fiscal. Mais le fisc réclamera quand même un complément en cas de résultat supérieur aux trois années précédentes et à 2019. Comment les libéraux seront-ils imposés dans ce cas ?
Prenons l’exemple d’un BNC de 100 000 €. Si ceux de 2015, 2016 et 2017 étaient de 80 000 €, le professionnel sera imposé sur 20 000 € au taux moyen d’imposition. Cette imposition sera appelée cette année, mais provisoirement. Si le résultat 2019 est supérieur à 2018, on lui rendra ce qu’il a payé au titre de 2018. Et s'il est inférieur, mais supérieur à la meilleure des trois années précédentes, on réduira son impôt au titre de 2018.
Article précédent
Dr Jacques Battistoni : « Des charges plus élevées pour les généralistes»
Article suivant
Grands écarts entre cliniciens et techniciens
Dr Jacques Battistoni : « Des charges plus élevées pour les généralistes»
Béchir Chebbah : « Une année contrastée pour les médecins libéraux »
Grands écarts entre cliniciens et techniciens
Dr Christian Augareils : «L'effet du déremboursement des injections d'acide hyaluronique»
Dr Luc Duquesnel* : «Les forfaits ne suffisent pas»
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature