Perte d'autonomie

Développer la recherche sur la prévention

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Publié le 27/11/2017
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Crédit photo : Phanie

« Pendant longtemps, la prévention a été assez peu abordée dans le domaine de la gériatrie qui, très largement, s’est concentrée sur la prise en charge des pathologies complexes ou invalidantes et sur celle des personnes dépendantes. Aujourd’hui, on voit de plus en plus se développer la recherche dans le domaine de la prévention », indique la Pr Sandrine Andrieu, présidente de la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), directrice de l’unité mixte de recherche en santé publique Inserm-Université, UMR 1027 à Toulouse.

Des études difficiles à réaliser

Mais cette recherche est difficile à mener. « Il y a d’abord le fait qu’il s’agit d’une recherche qui nécessite d’inclure un grand nombre de sujets, en général plusieurs milliers car les personnes âgées représentent une population très hétérogène. Il faut suivre ces personnes durant plusieurs années pour voir l’impact de l’intervention sur leur prise en charge et sur le déclin de leurs fonctions cognitives et/ou motrices », indique la Pr Andrieu en insistant sur la complexité de l’évaluation de ces actions à visée préventive. « Comme je le disais, on est face à une population très hétérogène et il est souvent difficile de mettre en évidence l’efficacité propre de telle ou telle intervention. La difficulté vient aussi du fait qu’on n’évalue pas une action préventive comme un médicament. Cela n’est pas comme un essai de phase 3 dans lequel on évalue un médicament contre un placebo. Les interventions non médicamenteuses sont beaucoup plus difficiles à évaluer », souligne la Pr Andrieu.

Il faut comparer le groupe bénéficiaire avec un groupe contrôle. « Mais si ce groupe contrôle ne bénéficie d’aucune intervention, cela ne reflète pas vraiment ce qui se passe dans la vraie vie. Il faut donc avoir un minimum de contacts avec ce groupe car ensuite, cela sera très difficile de faire la part des choses face à une éventuelle amélioration dans le groupe bénéficiaire. Cette amélioration est-elle vraiment liée à l’intervention préventive ou bien simplement au fait que le groupe bénéficiaire a été suivi de façon plus rapprochée ? », souligne la Pr Andrieu.

Limiter la période d'incapacité

Cette recherche est menée en amont chez des personnes qui sont encore en bonne santé mais avec des fragilités. « Au lieu d’étudier des personnes dépendantes, on s’adresse à des populations qui ne sont pas dépendantes pour tenter de déplacer le curseur afin d’éviter la bascule vers la perte d’autonomie et retarder au maximum le déclin des fonctions cognitives et/ou motrices. Car l’objectif de la prévention est de maintenir les personnes le plus longtemps possible en bon état de santé pour limiter le temps passé en incapacité », indique la Pr Andrieu, en soulignant la différence d’approche, dans ce domaine, entre l’Europe et les États-Unis. « En Europe, on essaie de privilégier au maximum les interventions préventives non médicamenteuses avec le souci de les évaluer. Aux États-Unis, ils sont davantage tournés vers la mise en place d’essais de prévention évaluant des médicaments qui, souvent, ne sont pas dénués d’effets secondaires », indique le Pr Andrieu.

D’après un entretien avec la Pr Sandrine Andrieu, présidente de la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), professeure de santé publique, directrice de l’unité mixte de recherche en santé publique Inserm-Université, UMR 1027 à Toulouse

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9622